Monaco-Matin

Prudhomme président

- de Philippe CAMPS Chef du service des Sports pcamps@nicematin.fr

Depuis hier, le président de la République française se nomme Christian Prudhomme. Pauvre homme. C’est lui qui va avoir le malheur de diriger le pays pendant trois semaines. On appelle ça le coup d’État permanent. Tous les ans, le directeur du Tour s’empare du pouvoir avant de le rendre à son propriétai­re dans le décorum d’un dimanche parisien. D’ordinaire, cet intérim s’allonge sur le mois de juillet avec un brin d’herbe au coin des lèvres. C’est le temps des baignades, des flirts, des barbecues et des échappées belles. Cette année, la gouvernanc­e n’aura ni le parfum de la fête, ni le goût des vacances. Le Tour est attendu au tournant. Il a beau avoir mis la caravane dans une bulle et le peloton sous cloche, il avance en terrain inconnu, menacé par un virus plus résistant encore qu’un Colombien en montagne. Attaqué de front sur le maintien de l’épreuve, Christian Prudhomme est au centre du champ de tir. Même les écolos s’en prennent au vélo. Ils dénoncent l’empreinte carbone de la compétitio­n et son coût. Pourquoi pas ? Sous leur mandat, la caravane  % électrique jettera des graines bio aux survivants du Covid- et les coureurs seront exclus au moindre gaz intempesti­f. Bref, ça flingue de partout. Les anti-Tour sont vent debout. Ils pointent une machine à fric lancée coûte que coûte à travers le pays quand la plupart des spectacles sont arrêtés. On se croirait revenu à la sombre époque du dopage qui avait poussé le Tour au bord de l’abîme et jeté les coupables dans le vide-ordures. Sauf qu’aujourd’hui, les positifs sont plus à plaindre qu’à blâmer. En plus du masque et de ses tests de dépistage tous les quarts d’heure, on conseiller­ait à ce cher Christian Prudhomme des boules Quies, un gilet pare-balles, une caisse d’antidépres­seurs et quelques bonnes bouteilles. Ça l’aidera peut-être. Car tout est de sa faute. La pluie sur le grand départ ? C’est lui. Alaphilipp­e victime d’un incident mécanique ? Lui. Les chutes à l’avant comme à l’arrière ? Lui. L’étape neutralisé­e par les gros bras ? Lui. La glissade de Thibaut Pinot ? Lui. Alexander Kristoff vainqueur par chaos et maillot jaune par surprise ? Encore lui, toujours lui. Et ça va durer jusqu’au  septembre. Vingt-deux jours en chasse-patate entre un peloton d’exécutants et un peloton d’exécution. Mieux vaut en avoir sous la pédale. Parce qu’il n’est pas au bout de ses peines le président Prudhomme. Qui sait : il va peut-être neiger, aujourd’hui, sur le Turini ou le parti animaliste s’indignera par communiqué sur l’absence totalement injuste et infondée d’une équipe de chimpanzés au départ du Tour. Et pourquoi pas ?

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