L’ex-compagne soupçonnée de harcèlement relaxée
Apriori, les lois de l’attraction mutuelle de deux êtres sont simples. Mais avec le temps, c’est le récit d’un enfer entaché de soupçons de harcèlement entre une femme à bout de nerfs et son ex-compagnon fuyant devant ses responsabilités de père, évoqué au tribunal correctionnel. Très vite, le fil conducteur se dessine à l’audience.
Une enfant est née dans les premières années de leur relation. Le refus de paternité marque un tournant et constitue le départ d’un flot de remarques blessantes… La séparation se passe très mal et les tensions enflent entre les deux familles. S’ensuit une ribambelle de textos envers Monsieur et sa nouvelle compagne. Jusqu’à menacer d’appeler les employeurs. La situation est tellement douloureuse, insupportable, ignoble, que le nouveau couple porte plainte.
« Cette guerre ouverte est ridicule »
À la marche, la prévenue raconte en écho son propre calvaire au président Florestan Bellinzona. « Je reconnais ce qui m’est reproché. Mais je n’ai fait que répondre à l’exaltation de la partie adverse. À 21 ans, quand j’étais enceinte, cet homme refusait d’être père. J’ai vécu l’humiliation permanente, des brimades orales sans jamais démontrer un comportement désagréable. Cette guerre ouverte est ridicule avec son lot de dénigrements, d’injures. Il y a de quoi être énervée… Ne voyez aucune volonté de harceler. Peut-être une défense orale mal adaptée…»
Dans un premier temps, la partie civile va reconnaître que son client ne se sentait pas prêt d’être père. « La mère va mettre seule son enfant au monde, démontre Me Sarah Filippi. Le conflit va se nouer au moment où le plaignant veut exercer ses droits. Certainement par volonté de nuire à la famille, tout contact est refusé par la maman. Dans ce dossier, il y a une multitude de preuves insultantes. La prévenue est allée trop loin dans ses paroles. A-t-elle une volonté authentique d’apaisement ou bien est-ce pour éviter une condamnation comme le demandent ces personnes de l’autre côté de la barre à 5 000 euros de dommages pour chacun ? »
« Une bonne maman »
La volonté de conciliation est palpable et colore l’affaire en permanence. Mais, pour la procureure Alexia Brianti, cette mère famille ne faisait-elle que répondre uniquement aux menaces verbales et propos dénigrants ? « Cela ne ressort pas du dossier. Madame refuse que son père communique avec sa fille. Les certificats médicaux joints à la procédure, dont un avec sept jours pour état dépressif, attestent que les victimes n’en peuvent plus de cette situation fâcheuse. » Il est requis deux à trois mois assortis du sursis. Alors, où finit la dispute ? Où commence le harcèlement dans ce terrible dossier à charge dépeint par Me Alice Pastor ? « L’affaire est minée par un jugement atroce des enquêteurs. Ma cliente est décrite comme une machiavélique. Elle est devant vous pour que vous constatiez que c’est une bonne maman qui a eu son enfant à 22 ans. Quand elle appelle au téléphone, c’est pour prendre des nouvelles de sa fille. Du harcèlement ? Oui, il y a eu des disputes. Mais quels faits de houspiller sont constitués ? Aucune preuve dans ce dossier. La relaxe s’impose. » Le tribunal n’a pas décidé autrement.
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