Foulard, trafic et conséquences

LA DARONNE

De JeanPaul Salomé (France). Avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani... Comédie.  h . Notre avis : ★★★

L’histoire

Patience Portefeux (Isabelle Huppert) est interprète judiciaire franco-arabe, spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la brigade des Stups. Lors d’une enquête, elle découvre que l’un des trafiquants n’est autre que le fils de l’infirmière dévouée (Farida Ouchani) qui s’occupe de sa mère (Liliane Rovère). Elle décide alors de le couvrir et se retrouve à la tête d’un immense trafic. Cette nouvelle venue dans le milieu du deal est surnommée par ses collègues policiers « La Daronne ».

Notre avis

Loin de ses personnages de La Cérémonie ou de Elle, Isabelle Huppert s’amuse avec sa propre image et renoue avec la comédie en incarnant La Daronne, dealeuse de shit improvisée, qui trempe dans des petites affaires illégales tout en essayant d’échapper à ses collègues… Un principe pas si éloigné de la série Dexter, mais en beaucoup plus léger et pas du tout sanglant. Tout le sel de ce drôle de polar réside dans la composition de la comédienne doublement césarisée. Elle joue de sa classe naturelle pour imposer une certaine prestance dans le milieu des dealeurs. Le franc-parler fait le reste et donne lieu à nombre de situations décalées. Sa prestation est pétillante et la voir enfiler costume, foulard et lunettes pour mener en bateau tout son petit monde est jubilatoire… Les quiproquos ne manquent pas et le jeu du chat et de la souris, qu’elle mène avec son patron et amant – auquel Hippolyte Girardot apporte toute son humanité –, est savoureux. Derrière la caméra, Jean-Paul Salomé livre donc une adaptation efficace du roman de Hannelore Cayre. Ce sujet lui permet également de poursuivre son travail autour des femmes d’action, entamé sur Les Braqueuses et Les Femmes de l’ombre… Dommage, en revanche, que sa réalisation manque de panache ou de scènes mémorables, alors que le sujet se prêtait volontiers à plus de fantaisie. Le scénario reste, lui aussi, en retrait et tombe souvent dans la facilité. Il a malgré tout le mérite de dessiner de jolis portraits dans l’entourage de Patience. À savoir sa fille (Iris Bry, la découverte des Gardiennes de Xavier Beauvois), sa mère (Liliane Rovère, transfuge de la série Dix pour cent), sa malicieuse voisine (JadeNadja Nguyen) ou une curieuse infirmière (Farida Ouchani). Ces deux dernières renforçant le côté mixité de cette oeuvre haute en couleur.