Monaco-Matin

Freefly : « des sentiments de liberté et de puissance »

Champions du monde en 2018, les Grégory Crozier et Karine Joly empilent les titres depuis dix ans dans cette discipline artistique dérivée du parachutis­me sportif. Découverte

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Tous les champions du monde ne sont pas des stars. Comme l’équipe de France de football masculine, Gregory Crozier a été titré en 2018, mais il ne peut que le constater : « Personne ne nous connaît ! » Et pourtant, voilà dix ans qu’avec sa compagne, Karine Joly, et leur vidéoman, Baptiste Welsch, les Niçois empilent les titres dans un sport spectacula­ire, le freefly. « Avec le freestyle, ce sont les deux discipline­s de parachutis­me artistique les plus récentes, déroule-t-il. Elles explosent, comme le snow à une certaine époque. C’est un vol en trois dimensions, pas juste à plat ventre. Il y a dix fois plus de plaisir. » L’exercice : trente minutes, vol compris. Un saut à 4 000 mètres d’altitude, une chute libre sur 3 000 mètres, qui dure quaranteci­nq secondes et pendant laquelle on déroule et on filme la chorégraph­ie, avant d’ouvrir le parachute.

« Transforme­r son corps en avion »

Alors qu’au freestyle, il n’y a qu’un performeur en plus du vidéaste, le freefly en a deux. Ce qui veut dire, du travail. Beaucoup de travail. « Ce n’est pas la même chose, poursuit le Niçois âgé, comme sa compagne, de 39 ans. Le freestyle est plus rythmé car il y a beaucoup plus de mouvements. Nous, on a un travail de synchronis­ation. Ce sont des années et des années de répétition. Pour participer aux championna­ts du monde, il faut au moins trois ans de travail, à raison de 300 à 400 sauts par an. Au minimum ! Et pour les gagner, il nous a fallu dix ans et 2 800 sauts. »

Née au début des années 1990, la discipline rattachée à la Fédération française de parachutis­me a explosé au tournant des années 2000, avec le développem­ent des soufflerie­s, qui permettent de s’entraîner en intérieur, plus longtemps et sans le stress du déclenchem­ent du parachute.

Il y a dix ans aussi que Karine et

Greg, aujourd’hui licenciés au Cercle parachutis­me de Nice, se sont pris de passion pour l’exercice. « On a chacun notre façon de l’appréhende­r, détaille Grégory. Karine adore le sentiment de liberté, de voler en trois dimensions, le fait de ne plus être soumis à un appui sur le sol. Moi, c’est plus pour le sentiment de puissance. Monter et descendre vite, transforme­r son corps en avion. »

« Ce sport est cher, mais il n’y a pas d’argent »

Mais cette passion a un coût : une formation à 1 200 euros, puis des sauts à 25 euros l’unité. Sans compter le matériel, ou les déplacemen­ts. C’était d’ailleurs ce qui effrayait Greg, alors skipper dans la marine marchande, et Karine, designer, avant de tenter de devenir pro. D’autant que les sponsors ne courent pas les rues : « Paradoxale­ment, ce sport coûte très cher, mais il n’y a pas beaucoup d’argent. » Ils sont progressiv­ement devenus moniteurs, ce qui leur a permis de baigner dans la discipline. Leur notoriété s’est élargie au rythme de leur palmarès. Leur titre de champions du monde leur permet d’être invités à des événements prestigieu­x, comme pour l’inaugurati­on de la plus grande soufflerie du monde, à Abou Dabi. Et puis, le coronaviru­s est passé par là aussi. Bien que le sport ait pu reprendre, toutes les dates de stages et invitation­s ont été annulées. « On est obligés de faire des dates plus nationales, mais c’est du bricolage », reconnaît-il. Mais une bonne nouvelle vient de tomber. La fédération égyptienne les invite à sauter au-dessus des pyramides, « pour promouvoir le parachutis­me civil, encore interdit là-bas », mais l’événement avait été suspendu. Il aura bien lieu, en novembre.

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(DR) En , le couple a effectué un saut à plus de   m d’altitude, au-dessus des pyramides de Gizeh, en Égypte.

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