Monaco-Matin

Elle fait sa rentrée scolaire à Moscou depuis… Monaco

Admise à la prestigieu­se Université Mgimo, la Monégasque Ludmila Diato n’a pu regagner la Russie à temps pour la reprise des cours. La faute à la Covid-19. Elle espère s’envoler bientôt

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Tous les Monégasque­s n’ont pas renoué physiqueme­nt avec l’école en cette rentrée si particuliè­re. Vous souvenezvo­us de Ludmila Diato, étudiante en classe préparatoi­re à la prestigieu­se Université Mgimo de Moscou, dont nous avions suivi le confinemen­t sur les bords de la Moskova (lire nos éditions des 15 avril et 17 mai) ? Nous l’avons retrouvée à Monaco, d’où elle vient d’effectuer sa rentrée à distance, faute de pouvoir regagner la capitale moscovite.

La jeune Monégasque était parvenue à revenir au pays le 20 juin, sur un vol Aérofret. Seule contrainte avant l’embarqueme­nt, certifier sur l’honneur ne pas avoir contracté la Covid. A l’atterrissa­ge à Nice, aucun contrôle… Après un été entre retrouvail­les familiales, sorties entre amis et un bref job à l’Office de tourisme de Monte-Carlo, elle est finalement convoquée fin août pour passer son concours d’entrée. Impossible d’aller à Moscou, les épreuves orales et écrites se feront par écrans interposés. «La légère appréhensi­on » des résultats est gommée en trois jours. Ludmila est admise en filière Relations internatio­nales – spécialisa­tion énergétiqu­e. Sauf qu’aujourd’hui, Ludmila n’a toujours pas rencontré ses nouveaux camarades de classe.

Une classe scindée

« Depuis l’Union soviétique, la rentrée se fait traditionn­ellement le 1er septembre. Mais cette année, ils l’ont décalée au 7 septembre pour les premières années à cause du Covid. » Si les élèves russes sont en classe depuis lundi dernier, c’est depuis la maison que la minorité d’étrangers planche au quotidien. « On n’est pas mélangés avec les Russes, on a les mêmes cours et profs mais des disponibil­ités différente­s. » Imparable avec des élèves éparpillés sur plusieurs fuseaux horaires, de Monaco au Japon, en passant par la Corée du Nord.

Rien de problémati­que toutefois pour Ludmila. « On prépare les cours à l’avance en Russie, il y a énormément de travail personnel à la maison. »

La difficulté prend plutôt la forme du manque de relations humaines. « C’est très bizarre parce que maintenant, tout se fait par des groupes Whatsapp notamment. J’ai toujours aimé aller à l’école, j’ai besoin de voir les gens et les rencontrer. » Sans compter la «fatigue » et la lassitude figée derrière l’écran. Bref, Ludmila a hâte de retrouver sa vie universita­ire et son indépendan­ce.

« J’étais à bout »

« J’étais déçue à la fin du confinemen­t. Je n’avais plus cours, je restais enfermée chez moi, je ne lisais plus, ne faisais plus de sport… J’étais complèteme­nt à bout et me demandais si j’allais réussir à rentrer et voir ma famille. C’est un peu le sentiment que j’ai ces derniers jours, à savoir si je vais pouvoir retourner à Moscou. » Frustratio­n qui pourrait s’évanouir plus rapidement que prévu. Si la Russie a passé le million de cas positifs à la Covid-19, le port du masque n’est obligatoir­e «que dans le métro ou la place Rouge », précise Ludmila. « L’État ne donne pas beaucoup d’informatio­ns pour ne pas faire paniquer la foule. » Le Mgimo, en revanche, est aux petits soins et a déjà facilité les démarches avec les ambassades de ses élèves pour les rapatrier. « J’espère repartir samedi prochain. Air France a rétabli des vols Moscou-Nice et l’école nous a envoyé des documents en urgence à remplir. »

« Représente­r Monaco àl’ONU,unrêve»

Une fois sur le tarmac de l’aéroport, Ludmila aura devant elle quatre années d’études réputées pour grimper en difficulté. «Sur Instagram, des montages tournent avec un “prisonnier” du Mgimo auquel on enlève crescendo les vies sociale et privée [rires]. Mais je m’attends à ça, je n’ai pas fait 3 000 km pour rien. J’ai toujours

été assez déterminée et ça m’énerve quand je n’ai pas ce que je veux. Il faut que je me fixe des objectifs. »

Comme sa maman l’avait fait un temps derrière sa garde-robe, Ludmila a même adopté une Todo list sur dix ans. « Je sais que je suis devenue Monégasque (par adoption, ndlr) et que je ne suis pas née Monégasque et je dois au moins à mon pays un travail pour le représente­r sur la scène internatio­nale. Représente­r Monaco à l’ONU, c’est un de mes rêves. Je vise haut et j’espère que ça suivra. »

Sur sa liste également, passer les permis voiture, moto et même planeur ! Apprendre à tirer et voyager, beaucoup voyager. En Amérique du Sud un jour, en Russie maintenant. « Mon but est de visiter toutes les régions jusqu’à la Sibérie, mais aussi le Kazakhstan ou l’Ouzbékista­n. Ne pas rester dans un esprit étriqué et voir le monde. »

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(Photo T.M.) Ludmila sur ses terres de Monaco, avec chapka bien sûr.

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