Cinquante-quatre mois de prison pour avoir agressé gratuitement une nonagénaire
Comment expliquer la violence gratuite de Vasile Ivescu, 50 ans, cet aprèsmidi du 9 octobre 2017, à Nice.
Énervé parce que son excompagne n’a pas voulu lui ouvrir sa porte, il est entré dans un cabinet d’architecte pour voler un document sans importance avant de ressortir. Il a, surtout, volontairement projeté à terre une retraitée de 93 ans qui cheminait, canne à la main.
Il s’est battu ensuite avec deux jeunes qui ont tenté d’intervenir.
Les conséquences de la chute de la vieille dame ont été dramatiques. Opérée d’une fracture du col de fémur, la nonagénaire est décédée un mois après l’agression d’une septicémie.
Ivescu a poursuivi son itinéraire délirant rue Cassini, puis cours Saleya où il a volé trois couteaux sur un étal, jusqu’à se retrouver encerclé, promenade des Anglais, par une patrouille des militaires de l’opération Sentinelle. Les policiers municipaux qui sont arrivés pour l’interpeller ont eu maille à partir. Détenu depuis trois ans, Vasile Ivescu reste incapable d’expliquer son comportement : «Jememetsà la place de la famille de cette dame et je souffre. J’ai fait une grosse connerie », bafouille cet homme râblé au crâne rasé. Dans la salle, une petite-fille pleure sa grand-mère.
Course-poursuite avec Satan
Il évoque à demi-mot une course-poursuite avec « Satan » alors qu’il souhaitait se rendre à l’église pour prier. Des personnes, pour leur malheur, se sont mises en travers de son chemin. Les experts, un psychologue et un psychiatre, qui l’ont examiné, n’ont pas décelé la moindre anomalie mentale. Aucune drogue, aucun alcool n’a été découvert dans ses analyses.
« Où se serait arrêtée cette escalade sans l’intervention des policiers ? », s’interroge Me Carole Borghini, conseil des deux agents qui l’ont interpellé.
Le légiste n’a pu déterminer un lien direct entre l’agression et la mort de la vieille dame, un mois plus tard. « Vous ne pourrez empêcher la famille de penser que l’acte du prévenu a causé le décès de Madame. »
« C’est un peu facile de crier au diable, de se prévaloir de la folie, tonne le procureur Jean-Philippe Navarre. Les experts ne constatent aucun trouble qui aurait pu entraîner ne serait-ce qu’une altération du discernement. D’ailleurs, quand il voit les militaires, il jette ses couteaux, comme un retour subit à la réalité. »
Le magistrat, qui regrette que ce dossier n’ait pas été orienté vers la cour d’assises, requiert la peine maximale encourue pour le délit de violences volontaires, soit cinq ans d’emprisonnement. Le tribunal condamne finalement cet étrange personnage à quatre ans et demi de détention.