Monaco-Matin

Georges,  ans : « Papa et maman ne survivraie­nt pas... au virus »

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD

Alors que l’épidémie s’enflamme de nouveau, les familles des résidents d’Ehpad tremblent. Deux mois durant, l’interdicti­on qui leur avait été faite de voir, embrasser, passer du temps avec leurs parents a été souvent une épreuve. A Contes, Georges Otto, 72 ans, n’en garde pas un bon souvenir. Son père, Antoine, 95 ans et sa maman, Yvette, 92 ans, sont tous les deux pris en charge par le petit établissem­ent familial « Les Genêts » : « Dieu sait que la nébulosité de l’informatio­n sur ce fichu virus ne nous aide guère à nous faire une opinion. On dit tout et son contraire. Ce qu’on sait en revanche, c’est que sur des personnes aussi fragiles que nos parents, ce truc ne fera pas de quartier. » Depuis que les visites ont de nouveau été autorisées mi-mai, la famille Otto est extrêmemen­t présente auprès d’Antoine et Yvette. Pas un jour ou presque sans qu’ils ne reçoivent une visite. Georges et ses deux frères se sont organisés. Exemplaire. Parfois compliqué toutefois. Lorsque le confinemen­t est décrété mimars, Antoine est hospitalis­é pour une infection pulmonaire. Testé négatif avant sa sortie de l’hôpital Pasteur de Nice, il va subir le double confinemen­t d’une mise en quatorzain­e lors de son retour aux « Genêts ». « Papa a joué de malchance. Quelques semaines plus tard, il déclenche une infection urinaire. Retour à l’hôpital. Il y est bien soigné, mais le personnel soignant est tellement débordé qu’il n’a pas de temps à consacrer à l’accompagne­ment psychologi­que de papa. On a craint le pire. Papa s’est mis à se laisser aller, à dépérir. Si nous n’avions pas obtenu l’autorisati­on exceptionn­elle d’aller le voir, je ne sais pas ce qu’il serait arrivé de lui. »

De l’isolement comme des feux rouges Aujourd’hui, tout va mieux. Antoine perd l’audition. Ses enfants se sont cotisés pour lui offrir un téléphone Bluetooth nouvelle génération qui l’a libéré de son handicap : « Avec son ancien appareil, il n’entendait rien. Et quand on venait le voir, qu’il fallait en plus du masque s’affubler de gants et autres protection­s tout à fait nécessaire­s, il était plus inquiet qu’autre chose. Nous, dehors, on ne comprend déjà pas grand-chose à ce qui se passe, alors imaginez un très vieux monsieur de 96 ans ? ! A un moment, on s’est même demandé si nos visites n’étaient pas de nature à plus le perturber qu’autre chose...» Et si l’histoire, hélas, devait bégayer ? Il le redoute. Espère y échapper : «Sinepas voir papa et maman, c’est les protéger, on s’y soumettra. C’est finalement le b.a.-ba de la pensée républicai­ne, non ? Puisque brûler un feu rouge ou une ligne blanche peut s’avérer dangereux pour moi et pour les autres, je respecte la règle ! »

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