Performances records : de quoi s’interroger ?
Les performances records depuis le début du Tour de France sont-elles de nature à alimenter la suspicion de dopage ? Le débat a fait, comme souvent sur le Tour, son apparition en cours d’épreuve, forçant dimanche soir le maillot jaune Primoz Roglic à assurer n’avoir « rien à cacher ».
Niveau en hausse mais à relativiser
« J’aimerais être comme avant, continuer à attaquer et faire le spectacle, mais ici, le niveau est très élevé » .La confession de Miguel Angel Lopez, 4e du général et habitué aux attaques en rafale, témoigne d’un rythme très soutenu chez les favoris. Comme les records battus dans le col de Peyresourde et du Grand Colombier par Tadej Pogacar. Même si l’indicateur n’est pas forcément le plus pertinent.
« Dans Peyresourde, le vent était de dos, rappelle Julien Pinot, entraîneur chez Groupama-FDJ. Ce n’est jamais aussi simple à comparer ». Le record de la montée du Grand Colombier, établi en 2012 par son frère Thibaut (Tour de l’Ain), a été pulvérisé de plus de 3 minutes !
Ecarts similaires
Les coureurs classés de la 1re à la 6e place au classement général se tiennent en 2 minutes et 13 secondes. Sur le Tour 2019, l’écart était presque exactement le même après 16 étapes : 2 minutes et 14 secondes.
« Je ne suis pas sûr que les favoris aillent plus vite que l’année dernière », confirme le Belge Thomas De Gendt, 12 saisons professionnelles au compteur.
« Pogacar signe les mêmes performances que sur la Vuelta l’an passé, estime le double vainqueur d’étape sur le Tour. Il y a une différence, mais elle n’est pas très grande ».
Préparation inédite
Le plus du millésime 2020 peut s’expliquer par l’interruption de la saison pendant plus de quatre mois, à cause de la pandémie puis sa reprise en vue du Tour, décalé en septembre, audelà de l’impact de la crise sanitaire sur la lutte antidopage et l’absence de contrôles qui en a résulté.
« Le niveau de préparation général est supérieur aux autres années. Tout le monde a pu se reposer, avoir du temps pour s’entraîner et partir en stage », décrit Samuel Bellenoue, l’entraîneur de Guillaume Martin chez Cofidis.
A ces conditions de préparation « sans risques de blessures ni lassitude de la saison », souligne Jean-Baptiste Quiclet, directeur de la performance de l’équipe AG2R, s’ajoute une certaine fraîcheur.
« D’habitude, les coureurs arrivent ici avec trente jours de course, parfois plus. Certains en ont eu moins de dix, c’est une grande différence », conclut Thomas De Gendt.