Drame et sentiments

D’Emmanuel Mouret (France). Avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne...

Drame.  h .

Notre avis : ★★★★

L’histoire LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT

Daphné (Camélia Jordana), enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son amoureux, François (Vincent Macaigne). Celui-ci doit s’absenter pour son travail et demande à sa compagne d’accueillir son cousin Maxime (Niels Schneider), qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font, petit à petit, connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes…

Notre avis

Emmanuel Mouret poursuit sa recherche autour du romanesque, de l’amour, de la fidélité… et de l’infidélité. Mieux, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait est son film le plus audacieux, notamment dans sa structure, complexe, dans laquelle il multiplie les points de vue. Sa love story centrale est ainsi racontée d’une manière originale, via une alternance de flashbacks où chacun revient sur ses relations, ses angoisses et ses échecs. De ces récits naît la complicité, du passé surgit le présent et, par la même occasion, un futur commun, peut être possible… Le concept pourrait s’arrêter là. C’était sans compter sur le désir du cinéaste marseillais d’approfondir ses théories et d’éclater, au fil des minutes, sa propre dynamique pour ouvrir le récit sur d’autres personnages, a priori secondaires mais qui vont prendre de l’importance. Ainsi les amants ou les conjoints trompés deviennent à leur tour acteurs « actifs » de cette situation et complexifient l’intrigue en montrant d’autres façons de vivre l’amour. Au cours de cette tragédie, qu’Emmanuel Mouret définit lui-même comme un « thriller sentimental », à la fois inspiré des suspens d’Alfred Hitchcock et de la Nouvelle Vague chère à François Truffaut, il se dégage énormément de lumière, de douceur ainsi qu’une profonde mélancolie. Entre Paris et le sud de la France, lieux d’action privilégiés, les désirs et les pulsions s’emboîtent tel un puzzle virtuose qui amène le public à méditer sur son propre vécu. Maîtrisé donc et parfaitement interprété par de remarquables comédiens. Niels Schneider et Camélia Jordana campent un très beau couple de cinéma, Émilie Dequenne et Vincent Macaigne dégagent une véritable tendresse et, bien que leurs rôles soient mineurs, Julia Piaton, Guillaume Gouix ou encore la révélation Jenna Thiam ont matière pour faire vivre leurs personnages. Profond, de bout en bout.