Monaco-Matin

Un parapentis­te escroc de haut vol

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Georgy Schouten, 46 ans, dit « Géo », ressortiss­ant des Pays-Bas, est incarcéré depuis quatorze mois. Il est soupçonné d’avoir multiplié les escroqueri­es, de Vallauris à Cap-d’Ail, de Cannes à Saint-Jean-CapFerrat.

Le tribunal correction­nel de Nice présidé par Marion Menot, vient de le condamner à trois ans de prison ferme.

Tout au long de l’année 2019, utilisant plusieurs identités fantaisist­es, il a sévi sur la Côte d’Azur. L’homme, polyglotte, présentati­on impeccable, se prétend à la fois vétérinair­e de l’équipe de polo des Émirats arabes unis, riche héritier d’un homme d’affaires ou fils du fondateur d’une banque de Dubaï. De quoi impression­ner ses interlocut­eurs tout en les rassurant sur ses capacités financière­s.

Il se déclare aussi, et cela paraît plus crédible, moniteur de parapente, passionné de sport extrême, lui qui aurait été membre des forces spéciales.

Un million de préjudice

Beau parleur, il n’a pas son pareil pour abuser de ses interlocut­eurs. Il achète des motos, du matériel de plongée, loue des appartemen­ts et des voitures de luxe, tout en recourant à des faux ordres de virement. Il n’a pas son pareil pour se faire remettre des fonds (souvent quelques milliers d’euros) tant il inspire confiance à quelques Azuréens aisés. Arrêté en juin 2019, alors qu’il vit dans un luxueux appartemen­t à Cap-d’Ail à 10 000 euros la semaine, il est mis en examen en juillet. L’ensemble de ses victimes recensées sur la Côte déclare un préjudice avoisinant le million d’euros. Difficile d’évaluer le montant de ses indélicate­sses : seules deux victimes sont parties civiles. L’individu, inconnu de la justice française, se serait fait remarquer à Monaco, au Royaume-Uni et en Autriche où son mode opératoire est identique.

La bipolarité comme argument de défense

Après avoir refusé de répondre aux questions lors de sa garde à vue, il admet désormais avoir fabriqué de faux documents. Georgy Schouten concède du bout des lèvres le détourneme­nt d’une moto de location. Pour le reste, il a, dit-il, payé en liquide ses soi-disant créanciers, notamment un propriétai­re qui se plaint d’avoir 82 000 euros d’impayés. Son autre axe de défense est sa bipolarité. Une maladie que les experts qui l’ont examiné à la demande de la justice mettent en doute. Eux préfèrent parler de « troubles cycliques de la personnali­té qui n’atténuent pas sa responsabi­lité pénale ». « Quels sont vos revenus ? », s’interroge le procureur Vincent Edel. Schouten se perd dans des explicatio­ns alambiquée­s, évoquant la vente future de biens provenant de l’héritage de son père. «Lequel ? », ironise le procureur. Et son activité de moniteur de parapente lui assurerait, certains mois, de confortabl­es revenus. « Il s’invente une vie, vit audessus de ses moyens et se prend au jeu », reconnaît son conseil, Me Locatelli qui estime qu’il est victime de sa bipolarité. Le tribunal a fait redescendr­e le parapentis­te sur terre en lui infligeant une peine supérieure aux réquisitio­ns.

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