Monaco-Matin

Chanter masqué : « contraigna­nt mais c’est notre seul moyen de continuer à exister »

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

« Chanter dans un choeur unit les gens. La chorale c’est l’autoroute du bien vivre ensemble », selon Michel Bianco, président du Corou de Berra, au siège de l’associatio­n à Berre-lesAlpes, qui dispense notamment des cours de chant polyphoniq­ue, tous les mardis, au centre culturel Animanice de Cimiez, à Nice. Une passion largement chahutée en cette rentrée. « Chanter avec un masque et à distance les uns des autres, ce n’est pas très convivial, admet Françoise Marchetti, la formatrice. Or la conviviali­té c’est tout ce qui caractéris­e notre choeur. Mais c’est mieux que de ne pas reprendre du tout ».

« Un casse-tête monstrueux »

Tout arrêter, Françoise n’a pas voulu s’y résoudre, même si cette rentrée s’apparente à « un casse-tête monstrueux », précise-t-elle, un cahier ouvert devant elle avec la liste des adhérents. Dans ses structures municipale­s, la ville de Nice limite à dix le nombre de personnes par salle, soit neuf choristes et leur professeur. Françoise a donc dû diviser le choeur en trois groupes qui répètent ainsi séparément. « Tout en imaginant comment ce sera quand nous pourrons de nouveau chanter ensemble ».

Et à la place d’un cours de trois heures, l’associatio­n propose trois cours d’une heure et demie.

La cheffe de choeur essaie de positiver : « Quand on est moins nombreux on progresse plus vite et le fait d’être loin demande une plus grande écoute ».

« A quarante, si vous ne chantez pas tout à fait juste, ça passe. A dix en revanche...» ajoute Michel Bianco.

Un tiers des choristes en moins

La chorale amateur, composée de quarante choristes avant le confinemen­t, a perdu un tiers de ses membres.

Après une interrupti­on de six mois, certains se sont découragés, ont décroché. D’autres ont peur pour eux ou leurs proches, ou simplement refusent de chanter masqué.

Or impossible de déroger à la règle. D’autant plus que quand on chante on postillonn­e beaucoup.

« Il faut faire cet effort »

« En tout cas, on souffle, donc on projette des gouttelett­es, précise Michel Bianco, avant d’ajouter : c’est contraigna­nt c’est vrai. Chanter avec un masque ça étouffe le son, c’est moins flatteur, mais il faut faire cet effort, c’est notre seul moyen de continuer à exister ». L’associatio­n n’est toutefois pas en péril. Créée il y a 34 ans, elle a les reins solides. « Nous sommes du genre fourmis. Nous avons de quoi tenir », rassure son président.

Les cours individuel­s de chant, vielle à roue et accordéon diatonique se poursuiven­t, masqués également.

 ?? (Photo M. T.) ?? Rentrée compliquée pour la chorale amateur de l’associatio­n Corou de Berra. Ici son président Michel Bianco, à gauche. A droite Françoise Marchetti, formatrice.
(Photo M. T.) Rentrée compliquée pour la chorale amateur de l’associatio­n Corou de Berra. Ici son président Michel Bianco, à gauche. A droite Françoise Marchetti, formatrice.

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