Monaco-Matin

Les sports de combat mis au tapis

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD

La salle est désespérém­ent vide. Le tatami désert. Les punching-balls en berne. Au coeur du vieux-Nice, la salle Walter Malatesta comme les nombreuses structures ou associatio­ns spécialisé­es dans les sports de combat – du judo à la boxe en passant par le krav maga ou le karaté – sont dans l’incertitud­e.

Certes, le verrou sanitaire de ces activités – où le respect de la distanciat­ion d’un mètre est une pure gageure – a sauté : « Il ne restait plus que nous et le night-club à n’avoir pas eu le feu vert des autorités sanitaires ». Sans le poids de Jean-Luc Rougé, le président de la fédération française de judo, les kimonos seraient encore au chômage : « Avec son aura, Rougé a tapé du poing sur la table et, comme par miracle, on n’est plus les vilains petits canards avec les patrons de boîtes de nuit », raconte Mikaël Meloul, le fondateur de Taekwondo Azur Sport.

Depuis la fin août, à condition de respecter des protocoles stricts, les sports de combat ne sont plus prohibés : « Mais c’est très compliqué », avoue Steeve Razzanti.

Ici, dans le vieux-Nice, un tiers de l’activité de la salle Malatesta repose sur les sports de contact. Cent trente licenciés en général. Des cours réguliers, et même des interventi­ons en milieu scolaire dans certains établissem­ents niçois, comme Sasserno ou Nazareth. Afin de respecter les règles sanitaires, il a fallu investir. « Avant le covid, on organisait des cours pour 50 personnes. Là, on doit se limiter à 10 personnes par séance. Il a donc fallu qu’on se dote d’un logiciel de réservatio­n en ligne. Pour une petite structure comme la nôtre, c’est un coût important, mais il faut tout faire pour rassurer nos licenciés ».

Les protocoles impossible­s ?

Le protocole national est, il est vrai, très strict. Mikaël Meloul avoue qu’il n’est pas applicable : « Les adhérents sont encore très frileux. Les adultes surtout. On a perdu près de 30 % de nos adhérents. Les enfants reviennent, même si on est encore 20 % en dessous des effectifs d’avant covid. Mais quand tu as 400 licenciés, si tu n’es autorisé qu’à les prendre par groupes de 10, fais le calcul, tu ne fonctionne­s plus ou tu laisses des gens à la porte », s’emporte le Niçois, ancien champion du monde.

Ainsi la fédération de judo exige que les pratiquant­s comme les encadrant soient douchés de frais – insistant sur l’obligation d’avoir les cheveux propres – pour être autorisés à combattre. Le masque doit être conservé jusqu’à l’arrivée sur le tapis, puis rangé dans « un sachet spécifique » et pas question entre deux combats ou exercices d’aller se désaltérer dans les vestiaires. De toute façon, ils sont fermés : chaque élève doit emporter dans ses affaires une gourde, un petit paquet de mouchoirs et son gel hydroalcoo­lique.

On ne badine pas avec la sécurité sanitaire. Tous les clubs se sont donc mis aux normes. Sauf que le retour en force de l’épidémie rend prudents les pratiquant­s : « A ce jour, on a 9 inscrits en krav maga... Zéro en judo et zéro en boxe anglaise. Du coup, on est vraiment en zone rouge », déplore Steeve qui refuse de se résigner au pire:« Aujourd’hui on tient le coup parce qu’on a diversifié notre activité. Sans cela, nous serions en grand danger .»

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(Photo Cyril Dodergny) Steeve de la salle Walter Malatesta de Nice devant le tatami désert confirme les réticences des pratiquant­s de sports de combat à retourner en salle.

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