Chevaux mutilés : la riposte des gendarmes azuréens
Avec cinq mille chevaux recensés dans le département, les actes de cruauté qui se multiplient en France suscitent la colère et l’angoisse des propriétaires. La gendarmerie est sur le pied de guerre
Des chevaux, des poneys et des ânes énucléés, émasculés, les oreilles tranchées, les flans lacérés. Le plus souvent, après avoir été empoisonnés au cyanure ou carrément assommés, d’abord immobilisés au moyen d’un « tordnez ». Ces actes de torture se multiplient un peu partout en France, avec une accélération depuis le milieu de l’été. En créant une angoisse et un sentiment d’impuissance chez les propriétaires, bien plus nombreux qu’on ne le croit.
On recense environ 5 000 équidés dans les Alpes-Maritimes. Si l’on ne déplore à ce jour aucune attaque dans ce département, le risque ne peut être écarté, d’autant que des sévices ont été constatés à La Garde et à Hyères, dans le Var ; la menace se rapproche. C’est évidemment dans des zones moins urbanisées que se concentrent les animaux à protéger. Quelques exemples : on en dénombre 365 à Mougins, 361 à Sospel, 248 à L’Escarène ou encore 55 à Saint-Martin-Vésubie. Pas question de laisser « l’autre meilleur ami de l’homme » sans surveillance, exposé à la barbarie d’individus dont on ignore, pour l’instant, les intentions, puisqu’il est difficile de parler d’un mobile. Autour d’une quarantaine d’affaires sur l’ensemble du pays, cent cinquante enquêtes sont ouvertes. Parmi les pistes envisagées : un rituel satanique impliquant des déséquilibrés pouvant agir par mimétisme. Quoi qu’il en soit, des auteurs déterminés. Dans l’Yonne, un propriétaire a été blessé au bras, alors qu’il mettait en fuite deux inconnus qui venaient de s’en prendre à ses chevaux.
Plan d’attaque
Parce qu’il n’est évidemment pas judicieux de se faire justice soimême, une règle : composer le 17. C’est le premier message que veut faire passer le groupement de gendarmerie des Alpes-Maritimes, qui traite ce dossier avec la plus grande vigilance. « Nous couvrons 151 communes, soit 94 % du territoire », souligne son commandant, le colonel Nasser Boualam. Qui veut le rappeler : « A la première alerte, on peut appeler le 17, même si l’on réside en ville. » Le lien entre les gendarmes et le cheval n’est pas feint. L’adjudant Tramutolo, ex-cavalier de la Garde Républicaine, a depuis quinze ans la charge du « poste à cheval » de VilleneuveLoubet. Où l’on retrouve chaque été une dizaine de montures et des personnels d’active et de réserve. Leur efficacité est démontrée. Notamment dans la prévention des vols à la roulotte ou des atteintes à l’environnement, sur le littoral comme dans les parcs naturels. Cet officier anime aujourd’hui le tout nouveau pôle de gendarmerie d’alerte et de suivi des équidés, dit Pégase, où l’on trouve une vingtaine de référents sur l’emprise très large des cinquante brigades du département.
Premiers conseils
Chacun peut se rapprocher de la brigade la plus proche pour demander qu’un équipage vienne tourner autour du pré, de l’enclos, de la ferme ou du centre équestre où l’on veut sécuriser ses animaux. Une opération tranquillité qui a déjà fait ses preuves pour les commerces et les entreprises. Et qui peut être complétée par l’installation d’une caméra dite de chasse, déclenchée par la détection du mouvement. « Toutes les nuits, nous avons des gendarmes qui patrouillent sur la totalité du territoire », martèle le colonel Boualam qui exhorte les particuliers à s’abstenir d’intervenir directement.
Des recommandations pour conclure : éviter de laisser un licol sur l’animal quand il est au pré. Remiser tout matériel pouvant encourager ou aider des malfaisants à commettre un acte de cruauté. Ne pas séparer les poulains de leur mère. Rentrer les équidés sous abri, chaque soir, lorsque c’est possible. En protégeant en priorité les animaux âgés, malades ou particulièrement amicaux envers l’homme : ils sont, hélas, les plus vulnérables.