« L’IVG, ce n’est pas un privilège, c’est un droit »
La députée LREM du Var Cécile Muschotti cosigne avec ses collègues Marie-Pierre Rixain et Marie-Noëlle Battistel, un rapport parlementaire sur l’accès à l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Quarante-cinq ans après la loi Veil, elles pensent que des aménagements sont nécessaires. (Photo doc L.B.)
Quel est l’objectif de ce rapport parlementaire ?
Avec mes collègues, nous avons été chargées par la délégation aux droits des femmes de travailler sur l’accès à l’IVG en France. C’est un document nourri de dizaines d’auditions. L’objectif était de comprendre pourquoi, aujourd’hui, ans après la loi Veil, l’accès à l’IVG était vécu comme un parcours du combattant.
Quelles sont les difficultés qui composent ce « parcours du combattant » ?
Plusieurs raisons sont évoquées. D’abord un gros problème d’accès à l’information. Lorsqu’une femme cherche un professionnel pour l’aider dans sa démarche, elle va avoir beaucoup de problèmes. Les professionnels et les associations ne sont pas forcément répertoriés. Par ailleurs, il y a des réseaux d’anti-IVG qui propagent de fausses informations. Enfin, il y a un manque évidemment de médecins. Il faut aussi parler des aspects culpabilisateurs. Aujourd’hui encore, on culpabilise la femme de vouloir mettre un terme à sa grossesse alors que c’est un droit.
Ces difficultés expliquent selon vous, que certaines femmes préfèrent partir à l’étranger pour subir un avortement ?
Oui, une femme qui ne désire pas continuer sa grossesse se débrouillera toujours pour y mettre un terme. On estime que à femmes quittent la France tous les ans pour cela. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics que d’assurer une sécurité dans l’accès aux soins en France.
Quelles sont les idées d’aménagement que prône votre rapport ?
Nous avons dégagé recommandations qui vont alimenter une proposition de loi examinée d’ici à la fin de l’année. Une des idées les plus importantes à mon sens est de former les sages-femmes qui le veulent à procéder aux IVG chirurgicales.
La proposition d’allonger le délai légal de à semaines est celle qui fait le plus débat…
Ça fait partie des propositions, mais c’est loin d’être la seule. Elle fait polémique parce qu’elle touche à la morale, à la bioéthique, à des débats qui avaient été, il y a ans, au coeur du travail de Simone Veil.
Il faut cependant savoir qu’aucun pays qui a allongé son délai d’avortement n’a vu le nombre d’IVG augmenter.
A titre personnel, qu’avez-vous découvert en rédigeant ce rapport ?
J’ai découvert la détresse de femmes qui se sentent abandonnées dans ce parcours. En général, elles n’ont pas envie d’en parler autour d’elles et c’est terrible de voir qu’en France on n’est pas capable d’accompagner une femme. L’IVG, ce n’est pas un privilège, c’est un droit. J’ai été très heurtée par la culpabilité qui pèse sur elle.