Monaco-Matin

C’est lui qui a la ‘‘Cle’’ !

Ex-star universita­ire US, ancien des Knicks (NBA) victime en 2015 d’une mauvaise sortie en boîte, Cleanthony Early vient de poser ses valises aux Sharks. Antibes fait le pari du - gros - talent

- Avec Lebron James, après une partie amicale à New-York. (DR) FRANÇOIS PATURLE ET VIVIEN SEILLER

Le mystère entourant le personnage est inévitable. Comment un phénomène des parquets, promis au plus bel avenir à sa sortie de Wichita State (drafté par les Knicks en 2014), peutil aujourd’hui se retrouver en Pro B après une saison dernière passée en... Arabie Saoudite. Victime d’une balle de revolver l’ayant touché au genou, la veille de la St-Sylvestre devant une discothèqu­e du Bronx en 2015, Cleanthony Early, alias, ‘’Cle’’, s’en est relevé. Le joueur n’a sans doute rien perdu de son talent, hors catégorie à ce niveau. Il a signé cinq ans pour les Sharks, un pari aussi alléchant qu’osé. Le garçon, intelligen­t, affable, mais pas réputé pour sa stabilité, n’était resté qu’une semaine à Athènes à l’AEK en 2017. « Un problème de contrat non respecté », plaide aujourd’hui Early. Le passé est le passé : Antibes veut offrir à cet ailier hyper-complet, au physique aussi fin que puissant, un terrain d’expression idéal. Le deal peut être gagnant-gagnant. Un coup de poker, qui, s’il est réussi, peut assurément permettre à Antibes de viser haut dès cette saison.

Pur enfant de New York, tu évolues à  ans aux Knicks. C’était le plus beau des rêves ?

Oui, c’est vrai, je ne pouvais rêver mieux. J’ai grandi dans le Bronx, à quelques blocks de Central Park... j’ai commencé le basket sur tous les play-grounds de mon quartier. J’étais comme tous les gosses de NY, je rêvais de fouler un jour le parquet du Madison Square Garden. En high school, au college, je me suis entraîné dur, très dur. Avec Wichita State, nous avons atteint le Final Four NCAA (à Atlanta, devant . spectateur­s). J’ai grandi en tant que joueur, en tant qu’homme.

« Les bijoux, les jalousies »

Tu évolues avec les Knicks, tu essayes de faire ta place, et puis soudain c’est le coup dur : tu es victime d’une agression à la sortie d’une discothèqu­e fin , tu es touché au genou par une balle. Que peux-tu nous dire sur cet épisode ?

Les coupables ont été interpellé­s par la police. C’est une histoire comme cela peut arriver hélas dans nos grandes cités. Je portais des bijoux de valeur, cela a attiré des convoitise­s, des jalousies, et je suis tombé malheureus­ement sur des inconnus, des malfrats, cela aurait pu plus mal tourner encore.

Qu’en était-il de la blessure ?

Ce n’était pas trop sérieux, Dieu merci. J’ai pu m’en remettre totalement au bout de quelques semaines. Mais il est vrai que cela a stoppé ma progressio­n aux Knicks à un moment déterminan­t de ma carrière. C’est cela qui fut le plus difficile.

Tu as pu rejouer brièvement aux Knicks  mois après cet accident mais la saison d’après, tu n’étais pas conservé ?

C’est compliqué, quand une dynamique est freinée, les effectifs changent, les personnes aussi. Je n’étais plus joueur des Knicks mais la vie continuait, j’étais toujours un joueur profession­nel et je faisais le métier que j’aime tant.

Aujourd’hui, à  ans, peux-tu dire que tu as le même jump et que tu joues aussi fort que lors de tes débuts en NBA ?

Oui, rien n’a changé de ce côté-là. Il suffit de venir me voir jouer pour s’en convaincre (sourire).

Comment accepter de se retrouver dans un championna­t mineur comme l’Arabie Saoudite, après avoir connu la NBA ?

Vous savez, il y a de belles installati­ons en Arabie Saoudite, et de bons joueurs aussi, Il faut se méfier des idées reçues. Je suis quelqu’un de positif. Je viens d’un quartier à New York où la plupart des gens n’ont jamais eu la chance de voyager, ne serait-ce qu’un tout petit peu. C’est un lieu où les épreuves sont nombreuses, où il faut apprendre à se relever. Moi, j’ai joué dans presque tous les Etats d’Amérique, j’ai pu découvrir le Japon, la Grèce, l’Arabie saoudite, aujourd’hui la France. Voir des gens différents, des cultures, eh bien je trouve que je suis très chanceux, au contraire. C’est un destin qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur. la NBA, c’est très bien, mais il n’y a pas que la NBA dans la vie.

«  ans, le bon âge »

Le fait de jouer en Pro B, qui n’est pas l’élite du basket français ?

Partout où l’on joue, il faut respecter le jeu et prouver sa valeur. J’arrive à Antibes, je vois cette belle salle, ce club qui a une grande histoire. Je vois aussi les fans, les enfants. Vous pensez que le rêve de ces enfants, à Antibes, ce n’est pas de porter un jour ce maillot des Sharks ? Eh bien, il est magnifique ce rêve-la, il faut le respecter absolument. Moi, je suis fier de jouer aujourd’hui pour les Sharks. Tous ensemble, on va essayer de faire gagner cette organisati­on.

Justement, le club attend beaucoup de toi. En as-tu conscience, es-tu prêt à assumer cette responsabi­lité ?

Ce sera mon rôle et mon travail de répondre aux attentes, de montrer sur le terrain que je peux être celui qui aide à faire la différence, J’ai  ans, aujourd’hui, je pense que c’est le bon âge pour un joueur. Je suis encore jeune, mais j’ai aussi plus de maturité, d’expérience. Quand on est jeune et célèbre en NBA, vous êtes vite entourés de

certaines personnes qui ne vous veulent pas forcément du bien. Je suis arrivé à un moment de ma carrière ou j’avais envie de me poser quelque part, avec ma compagne, et prouver que je peux construire quelque chose sur la durée. Les dirigeants d’Antibes m’ont proposé de bonnes conditions, un long bail. J’espère poser mes valises pour longtemps et réussir à écrire une belle histoire ici. J’ai le sentiment que c’est le bon endroit. C’est mon but le plus cher.

Penses-tu avoir l’opportunit­é un jour de rejouer en NBA ?

Qui sait, il ne faut pas dire jamais par rapport à cela.

Ce premier match à AixMaurien­ne avec les Sharks, mardi soir ?

On se connaissai­t depuis deux jours à peine, je trouve que l’on a fait un bon match dans ces conditions et on ne perd que de deux points. J’ai bien aimé l’état d’esprit, et on aura de la qualité.

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(Photo Romain Robini/Sharks Antibes)
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Une détente de félin pour les Sharks.
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 ??  ?? Avec Russell Westbrook, en bleu.
Avec Russell Westbrook, en bleu.
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