« Anti-flics », il accueille la police avec des insultes
Un Monégasque de 22 ans, condamné plusieurs fois dans des affaires d’outrages et d’ivresse, a insulté copieusement un agent qui le verbalisait pour tapage nocturne. Verdict dans six mois
Il faut sauver le « soldat Jonas » ! Certes, ce n’est ni son identité avérée ni son réel engagement professionnel, malgré la paraphrase du film culte. En vérité, c’est un jardinier monégasque de 22 ans qui lutte sans cesse depuis son adolescence pour réussir son éventuelle intégration dans une saine vie d’adulte. Ses adversaires ? Ses addictions, surtout à la boisson, bien difficiles à éliminer d’une simple volonté. Autant de dépendances nocives consécutives à une succession d’échecs, d’écueils, d’infractions, de condamnations… Pourtant, chaque épreuve délictuelle semble fortifier un peu plus le jeune homme afin d’atteindre l’issue salutaire espérée.
Un tatouage antiflics sur le torse
Alors, inutile pour la justice de sortir la calculette pour s’adonner aux probabilités. Le tribunal correctionnel, hors de la logique distincte des certitudes et de la simple possibilité, a préféré spéculer sur le potentiel humain tangible du prévenu : morale, conscience, volition.
« On fera le point dans six mois avant de prononcer une sanction », a lancé le président Jérôme Fougeras Lavergnolle à l’issue du
(*) délibéré.
Le 16 mars 2021 plus précisément. Jusqu’à cette date, l’intéressé devra démontrer son abstinence de tout excès de boissons alcoolisées et se plier aux obligations de soins. En contrepartie, cet ajournement de peine le dispense d’incarcération au moins jusqu’au jugement. Car le ministère public a requis deux mois ferme fractionnés. Soit huit week-ends à la maison d’arrêt.
La décision des juges d’offrir une ultime chance de liberté est reliée à l’infraction du 5 novembre 2019 pour tapage nocturne dans l’immeuble des Cèdres. « Vers minuit, rapporte le magistrat, la musique était très forte. Vous aviez absorbé beaucoup d’alcool. Les riverains alertaient la Sûreté publique. Dès qu’un policier dressait contravention, vous deveniez outrageant, insultant. Sur votre torse les lettres ACAB (« All Cops Are Bastards » = « Tous les flics sont des bâtards ») sont tatouées. Pourquoi entretenir cette haine des forces de l’ordre ? L’agent a déposé plainte… »
Le prévenu, d’une voix posée, reconnaît son ivresse. « Les policiers sont venus à six chez moi, ajoutet-il. Il y avait trois voitures de flics au bas de l’immeuble. Je me suis senti oppressé. La colère et l’énervement m’ont fait déraper. Je m’excuse auprès de l’agent présent. » Le président renchérit aussitôt : « Ce déploiement policier excessif est logique. Vous pouvez être très violent quand vous avez bu. Les fonctionnaires ont voulu se sécuriser. Ils ont pris leurs précautions. » Le plaignant témoigne et réclame une somme 500 euros.
« C’est terminé le tribunal pour enfants »
Dès lors constitué partie civile, Me Christophe Sosso démontre les qualités pédagogiques de l’agent. « Tout a été tenté pour raisonner ce jeune. Il n’aime ni la police ni l’uniforme. Adulte, il devrait réfléchir avant d’agir. Demain, s’il est victime d’un problème grave, ce même policier sera le premier à lui porter secours… »
Le procureur général adjoint Olivier Zamphiroff se montre très vigilant à l’heure de requérir une peine ferme fractionnée, afin d’éviter la perte d’emploi du jardinier. « C’est terminé le tribunal pour enfants à 22 ans. L’évolution mentionnée par votre curatrice, c’est bien. Mais le prévenu ne va pas nous dicter les éléments de procédure pénale. Faites la fête ! Sans perturber les voisins évidemment… » Épilogue de l’affaire dans six mois.