Erick Truffaz voyage sur la lune (rouge)
Le trompettiste incontournable de la scène jazz retrouve, avec son quartet, l’auditorium du pôle Chabran, à Draguignan, demain soir.
Artiste incontournable de la scène jazz, Erik Truffaz s’installe avec son quartet sur la scène du pôle Chabran, à Draguignan, ce mardi soir. Un concert où il mêlera des morceaux de son dernier album, Lune Rouge, et ses « standards » qui permettent « d’improviser un peu plus », dit-il et de partager avec le public. Un public qui attendait ça depuis longtemps déjà.
Vous retrouvez la scène avec Lune Rouge. Comment est né cet album ?
Pour mes autres albums en quartet, on a toujours composé ensemble. Pour celui-ci, c’est notre jeune batteur Arthur Hnatek qui a amené % du ‘‘matériel’’. Comme il est d’une autre génération, on savait que ça allait nous bousculer. Et c’est ce qui s’est passé.
Le résultat se traduit par beaucoup d’autres sons, électros par exemple...
Oui. En plus, on a confié cette fois la responsabilité du mixage à Arthur. Nous n’aurions pas fait la même chose. Cela nous a forcés à revoir nos ‘‘bases’’, nos partis pris musicaux.
Il y a aussi des invité(e)s sur cet album dont la chanteuse Andrina Bollinger.
Je trouve que ces collaborations amènent une respiration. J’ai toujours peur que la musique instrumentale soit ‘‘barbante’’ alors je mets des voix. C’est un souci de dynamique.
Vous multipliez les collaborations en dehors de votre quartet. Comment est né ce projet avec la pianiste Estreilla Besson ?
Les collaborations,
‘‘ c’est comme l’amour, cela permet de se renouveler. C’est moi qui l’ai sollicitée pour ce projet, dans le cadre d’une coopération avec l’orchestre symphonique de Lille, pour lequel j’ai écrit de la musique. En raison de la crise sanitaire, la session avec l’orchestre a été annulée en juin dernier et du coup, on m’a proposé de réaliser juste cette pièce avec Estreilla. On l’a fait, et on y retourne en décembre, avec l’orchestre symphonique cette fois. J’avoue que j’aimerais bien aussi le faire avec l’orchestre de Marseille. Le Festival des cinq continents [festival de jazz de la cité phocéenne, ndlr] l’avait presque envisagé. C’est un de mes souhaits.
Quels sont les autres ?
Le Festival des cinq continents, ilya deux ans, m’a permis de composer une pièce pour huit voix et trompette, que nous avons joué dans toute la région, dans des églises. Je voudrais la proposer à nouveau parce que je ne l’ai pas assez jouée, et j’aime beaucoup faire de la musique avec des voix, sans sono… Et puis, dans les églises, il y a une acoustique particulière, peut-être que Dieu nous écoute ?
Vous aimez travailler avec de jeunes artistes. Quel regard portez-vous sur les jeunes trompettistes ?
Ceux que je connais m’impressionnent. Ils sont très bons, techniquement. Cependant, ce qui a fait le succès de mon groupe par exemple, c’est une sorte de magie, d’alchimie qui ne s’apprend pas à l’école… C’est de l’instinct, un peu de savoir-faire. Jouer bien ne suffit pas. Il faut aussi être dans l’échange.
Avec le public également ?
Pour être franc, il y a plusieurs types d’échanges avec la salle. L’interaction que l’on crée avec le public directement. Et un aspect plus mystique, sur lequel on n’a pas de prise. On est un peu des chamanes de l’âme… Quand le groupe est bon, tout le monde est transporté !
Vous multipliez aussi les supports pour vous exprimer, comme les lectures musicales avec votre compagne, Sandrine Bonnaire.
On le fait régulièrement, on l’avait fait avec Duras déjà. Là c’est Bastard. J’adore la littérature et donc, d’être en contact avec les mots c’est un autre aspect musical, c’est comme écrire pour des images… On doit se glisser dans le silence des mots. C’est un autre exercice.
On est un peu des chamanes de l’âme !”
Eric Truffaz Quartet en concert.Avec Erik Truffaz (trompette), Benoît Corboz (piano), Fender Rhodes (orgue Hammond), Marcello Giuliani (basse) et Arthur Hnatek (batterie). Mardi 13 octobre, à 20 h 30. Auditorium du pôle Chabran, à Draguignan. Tarifs : 20 €, réduit 15 €.
Rens. 04.83.08.30.30. www.tourisme-dracenie.com