Monaco-Matin

Un professeur d’histoire-géo décapité

L’enseignant aurait montré les caricature­s du prophète Mahomet à des élèves en classe. L’agresseur a été abattu par la police. « L’obscuranti­sme ne gagnera pas », a affirmé, hier soir, Emmanuel Macron

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Un enseignant qui avait montré à ses élèves des caricature­s de Mahomet a été décapité, hier, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) et son agresseur présumé tué par la police dans la ville voisine d’Eragny (Val-d’Oise), trois semaines après l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Le parquet national antiterror­iste (PANAT) a annoncé s’être aussitôt saisi de l’enquête, ouverte pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « associatio­n de malfaiteur­s terroriste criminelle ».

« C’est la République qui est attaquée »

« Ce soir, c’est la République qui est attaquée avec l’assassinat ignoble de l’un de ses serviteurs, un professeur », a réagi sur Twitter le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, « notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosi­té du terrorisme islamiste ». Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu à Conflans-Sainte-Honorine, sur les lieux de l’attaque. Il est arrivé peu après 21 heures et a rejoint immédiatem­ent au collège.

A sa sortie, il a pris la parole en direct, déclarant que « l’obscuranti­sme ne gagnera pas ». Emu, il a lancé : «Unde nos concitoyen­s a été assassiné aujourd’hui parce qu’il apprend à des élèves la liberté d’expression. » Et de conclure son propos en affichant sa solidarité avec le monde enseignant : « Je veux dire à tous les enseignant­s de France que la nation sera à leurs côtés pour les protéger. »

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en déplacemen­t au Maroc, est aussitôt rentré à Paris et a ouvert une cellule de crise place Beauvau, où l’a rejoint le Premier ministre, Jean Castex.

Les faits se sont déroulés vers 17 heures, près du collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine. Les policiers de la brigade anticrimin­alité (Bac) de la ville ont été appelés pour un individu suspect rôdant autour d’un établissem­ent scolaire. Sur place, ils ont découvert la victime et, 200 m plus loin, à Eragny, ont tenté d’interpelle­r un homme armé d’un couteau qui les menaçait et ont fait feu sur lui.

Un parent d’élève ?

Selon une source policière, la victime est un professeur d’histoire du collège du Bois-d’Aulne. L’agresseur présumé, dont l’identité n’a pas été immédiatem­ent établie, est décédé. Mais selon Le Parisien, il s’agirait « d’un jeune homme d’origine tchétchène né en 2002 ». Il aurait crié Allah Akbar avant d’être abattu.

Le choc et l’incompréhe­nsion dominaient, hier soir, chez les riverains rencontrés par l’Agence France Presse (AFP) dans ce quartier pavillonna­ire, qu’ils décrivent comme calme et sans histoire. Rodrigo Arenas, coprésiden­t de la FCPE, la première associatio­n de parents d’élèves, dit avoir reçu un signalemen­t vendredi dernier qui faisait état « d’un père extrêmemen­t énervé » après la publicatio­n en classe d’une caricature de Mahomet.

La victime aurait, selon Rodrigo Arenas, « invité les élèves musulmans à sortir de la classe » avant de montrer une caricature du prophète accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses et l’inscriptio­n « une étoile est née ».

« Mon fils était dans la classe le jour où le professeur les a fait sortir parce qu’ils étaient musulmans, parce qu’il devait montrer une caricature du prophète », a expliqué à l’AFP un parent d’élève ayant requis l’anonymat, dont le fils est en classe de 4e.

« Il n’y a qu’une petite fille qui est restée, qui n’a pas voulu sortir, c’est cette petite fille-là qui a dit qu’il avait montré la photo d’un homme tout nu », at-il poursuivi. « Apparemmen­t, il n’a pas fait ça méchamment, mon fils m’a dit qu’il a fait ça pour préserver les enfants, pour ne pas être vexés, pour ne pas être choqués », a encore ajouté ce parent d’élève.

L’attentat a soulevé une vague d’indignatio­n dans la classe politique. A l’Assemblée nationale, les députés se sont levés pour « saluer la mémoire » du professeur et dénoncer un « abominable attentat ».

« Le séparatism­e islamiste doit être combattu sans relâche, sans jamais faiblir », a réagi la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé.

En plein procès Charlie

« Le paroxysme de la barbarie » est atteint, selon Damien Abad, patron des députés Les Républicai­ns. «Ilnefaut plus céder un millimètre de mot, de geste, d’action, de concession, de répression au terrorisme islamique ! » ,a exhorté le député RN Gilbert Collard.

Cette attaque survient trois semaines, jour pour jour, après l’attentat au hachoir perpétré par un jeune Pakistanai­s de 25 ans devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, qui avait fait deux blessés graves. L’auteur de cet attentat islamiste avait déclaré aux enquêteurs avoir agi en réaction à la publicatio­n et la republicat­ion par Charlie Hebdo début septembre des caricature­s de Mahomet, qui avaient fait de l’hebdomadai­re satirique une cible des jihadistes. Cette republicat­ion avait eu lieu à l’ouverture le mois dernier du procès des attentats de janvier 2015, qui doit se tenir jusqu’au 10 novembre.

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(Photo AFP) Les forces de l’ordre ont immédiatem­ent bouclé les abords du collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine.

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