Les reliques de sainte Aurélie à Monaco
Retrouvez chaque mois, la chronique bilingue du Comité des traditions monégasques
Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints. Chaque 1er novembre, l’église honore ainsi la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants témoins du Christ. De nombreux pays ont même pris un saint patron protecteur comme saint Patrick pour l’Irlande ou sainte Dévote pour la Principauté de Monaco.
Mais les Monégasques ont aussi une dévotion plus particulière envers saint Nicolas (1), patron des enfants, des marins et du Comité national des traditions monégasques, et sainte Aurélie, une des saintes patronnes de l’archidiocèse de Monaco, même si son culte déclina au début du XIXe siècle.
Le culte envers sainte Aurélie fut initié à l’occasion du mariage en juillet 1641 d’Hercule Grimaldi, Marquis de Campagna , fils du
(2) prince Honoré II avec Aurelia Spinola, appartenant à une des plus prestigieuses familles nobles de Gênes, et prit dès lors une importance majeure.
En effet, les reliques de sainte Aurélie, vierge et martyre, qui avaient été retrouvées dans sa sépulture au cimetière de Calixte à Rome, étaient conservées dans la famille Spinola. Le père de la future épouse Luca Spinola en fit don au prince Honoré II « parce que cette glorieuse sainte daignera bénir ces noces ». Les reliques arrivèrent au port de Monaco le 22 juillet 1641. Le curé de Saint-Nicolas Don Dominique Pacchiero, accompagné des chapelains, des pénitents blancs et noirs, reçut « le coffret, fermé, une clé sigillée, et son authentique de Rome écrit sur un livre de parchemin » et le déposa dans la chapelle SaintJean-Baptiste du Palais.
Le 3 août suivant, l’évêque de Nice, Mgr Marenco (3), « ordonna la procession et translation pour la matinée suivante, approuvant qu’il s’agissait des reliques et ossements de sainte Aurélie, Vierge et Martyr »
(4) après l’expertise du Docteur Bernardino Tiberti, médecin du prince Honoré II.
En effet, le dimanche 4 août 1641 eut lieu la procession solennelle en présence de la confrérie des pénitents blancs, suivie par le clergé, rejoints par la nouvelle confrérie des pénitents noirs sortie de la chapelle Sainte-Barbe sur la place d’Armes (actuelle place du Palais) – où elle résidait par intérim en attendant la construction de la chapelle de la Miséricorde. Le coffret contenant les reliques portées par deux chanoines sous un baldaquin rouge à six hampes fut déposé sur l’autel majeur de l’église Saint-Nicolas où eut lieu la messe pontificale.
À 17 heures, les vêpres achevées, les reliques en présence de la famille princière furent déposées dans la chapelle latérale Saint-Sébastien où se trouvait le tombeau des Princes dans une niche au-dessus de l’autel. Après la destruction de l’église Saint-Nicolas, les reliques de sainte Aurélie seront transférées dans la future cathédrale où elles s’y trouvent toujours.
(1) Une église lui fut dédiée sur le Rocher dès le 13e siècle, à l'emplacement de l'actuelle cathédrale. (2) Monaco est encore sous protectorat espagnol ; Hercule ne prendra le titre de Marquis des Baux qu’à partir du 14 septembre 1641 en application du traité de Péronne qui place la Principauté sous la protection de la France.
(3) Avant la création du diocèse de Monaco en 1887 la Principauté de Monaco relevait de l’évêché de Nice pour la ville de Monaco, et de l’évêché de Vintimille pour Menton et Roquebrune.
(4) D’après le giornale de la paroisse Saint-Nicolas de Don Pacchiero traduction d’Inès et Claude Passet : Annales Monégasques N°18 et La Cathédrale de
: 1re partie historique par Claude Passet, Editions du Rocher.