Une catastrophe pour la vallée et une éclaircie pour la voie ferrée
Deux semaines après la tempête Alex qui a dévasté la vallée de la Roya – laissant les villages de Tende, La Brigue, Fontan, Saorge et leurs hameaux sans accès routier –, experts et élus s’accordent à le dire : il faudra des mois, voire des années, pour reconstruire les routes et les quelque onze ponts détruits dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 octobre. Dès lors, un seul espoir apparaît pour désenclaver les populations de ces communes : la ligne de chemin de fer Nice-Cuneo. Un paradoxe quand on connaît les difficultés rencontrées par la ligne depuis une dizaine d’années années. Sa suppression planant comme une épée de Damoclès au-dessus de la Roya. Dans l’espoir d’éviter cette fin annoncée, de nombreuses voix s’élèvent pour défendre cette ligne.
Un combat plus que jamais d’actualité
Aujourd’hui, le combat est plus que jamais d’actualité. Alors « qu’on sait que les pluies reviendront », « demandons aux collectivités territoriales et à l’État de revenir sur le choix d’abandonner le ferroviaire », soutient l’association Roya Expansion Nature. Alors que le rail a fait ses preuves face aux ravages de la tempête Alex dans la vallée, l’association en appelle à ce que « les crédits de reconstruction soient affectés en priorité à la ligne Nice-VintimilleCuneo ». Pour que les trains roulent à nouveau à 80 km/h, que les TER aillent jusqu’à Limone, que soit rétabli le Nice-Turin, les 24 trajets quotidiens ainsi que des trains de nuit pour voyageurs et marchandises entre Nice et Turin.
De son côté, l’historien local, spécialiste et défenseur du rail, rappelle que « des tractations serrées durent depuis 10 ans ». Alors que la suppression de la ligne « était très sérieusement envisagée, aujourd’hui on pourrait observer une éclaircie : Rete Ferroviaria Italiana (RFI) a fait un pas en acceptant de payer sa dette de l’ordre de 20 millions. De son côté, la Région Sud devrait prendre en charge 25 % des futurs travaux entre Breil et Tende ».
La situation actuelle donne raison aux défenseurs de cette ligne, qui font aussi remarquer que « avec le futur tunnel TGV Lyon-Turin en cours de construction, une ligne du col de Tende modernisée permettrait de rapprocher la Riviera Française et la Côte d’Azur du Piémont mais également de la Savoie et de la Suisse ». D’après certains experts, Nice pourrait être à moins de 3 h de Turin et 4 h de la Savoie. Face au chantier de la route, la voie ferrée pourrait devenir le seul atout de développement économique de la vallée. L’occasion de faire de la Roya «un exemple de territoire en transition écologique », note l’association Roya Expansion Nature. « Puisqu’il faut reconstruire, faisons le choix du tourisme vert, de la préservation de la biodiversité, de l’autonomie énergétique et alimentaire. Transformons notre axe de passage polluant et bruyant en une voie de passage exemplaire. »