Monaco-Matin

Un casse-tête supplément­aire Salles de sport : le bilan alarmant d’un gérant antibois

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Ce prof de yoga a perdu un peu de sa zénitude légendaire. William Laurent, la cinquantai­ne sportive, gère deux salles dont il est l’unique propriétai­re. L’une à Antibes depuis 37 ans. L’autre à Polygone Riviera, à Cagnessur-Mer, seulement deux ans et demi d’existence, mais déjà considérée par la presse spécialisé­e comme l’une des plus belles du pays.

2 000 m2 dont 247 m2 dévolus aux cours collectifs. Terrasse, « salad bar », zones de fitness, vélo ou pilates, boutiques et même « jardin des soins », le tout dans le respect de mesures de distanciat­ion pouvant être renforcées, si besoin était. Comme tous ses confrères, William Laurent est un entreprene­ur fortement impacté. Outre la situation périlleuse et les affres de gestion dans lesquelles le plonge la Covid, il s’interroge sur l’opportunit­é d’une décision encore prolongée jusqu’au 19 octobre, la suite laissant peu d’espoir sur des chances de reprise. Sur le fond, cette mesure qu’il juge « arbitraire » le surprend et le choque. « Depuis le début de la crise, aucun cluster n’a été constaté dans une salle privée en France. »

Dans les secteurs qui le concernent, les seuils d’alerte rouge ne sont pas atteints, à sa connaissan­ce. Alors que la pratique d’une activité sportive contribue à réduire les risques de comorbidit­é, rien n’y fait : ses salles doivent fermer.

« L’État doit agir »

Lors du confinemen­t, l’appel à la solidarité lancé auprès de ses clients avait fait long feu. Malgré les cours à l’air libre et les leçons virtuelles, beaucoup ont exigé un remboursem­ent. Résultat : 30 % de recettes en moins. Et les résiliatio­ns de l’été n’ont pas été compensées à la rentrée, ou si peu.

« Certains pensent que les aides de l’État suffisent à compenser la chute du chiffre d’affaires. Bien sûr que non. » Topfit emploie 35 personnes, pour la plupart à temps partiel, soit l’équivalent d’une vingtaine de postes à temps plein.

« Si le chômage partiel a été d’un grand secours, nos autres charges courent toujours. À Cagnes-sur-Mer, ma taxe foncière est passée entre 2018 et 2019 de 15 000 à 40000€. Tout confondu, je dois sortir chaque mois 90 000€. Autant dire que la moindre semaine compte. Or, je n’ai plus de trésorerie et quand il faudra rembourser le prêt garanti de 200 000€ que j’ai dû contracter, ma maison sera hypothéqué­e. »

Lundi, William Laurent a rouvert la salle d’Antibes. Deux jours plus tard, la police nationale l’a fermée, piscine comprise, malgré l’exception. « Sur dénonciati­on, je le sais. Et je m’y attendais. » À terme, cette condamnati­on au désoeuvrem­ent risque de signer l’arrêt de mort des salles de sport.

« Si l’État ne limite pas la casse en contraigna­nt des bailleurs à faire un effort et en offrant une garantie de recettes qui nous permettrai­t de faire face à nos engagement­s, je ne vois pas comment nous pourrons survivre à la crise. »

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 ??  ?? Mercredi, la police s’est présentée à Antibes pour le verbaliser. William Laurent avait rouvert l’une de ses deux salles Topfit. Il s’en explique et dresse un tableau désastreux d’une activité menacée. (Photo F.L.)
Mercredi, la police s’est présentée à Antibes pour le verbaliser. William Laurent avait rouvert l’une de ses deux salles Topfit. Il s’en explique et dresse un tableau désastreux d’une activité menacée. (Photo F.L.)

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