Festival de mode : dix candidats en lice à Hyères
Covid-19 oblige, tous les membres du jury du Festival international de la mode ne sont pas présents à Hyères. Mais par le biais d’une retransmission YouTube, ils ont pu apprécier l’avant-gardisme des dix finalistes, les interroger sur leurs intentions. Chaque candidat présente sept modèles, ce qui représente des mois et des mois de travail. Après deux défilés (hier et ce soir), le palmarès sera connu dimanche. Première à entrer en lice, la Marseillaise Emma Bruschi utilise le raphia, la paille, la toile de jute et la laine (parfois brodée au crochet) dans sa collection homme. Les bijoux sont en osier pour un rendu champêtre. L’inspiration vient des tenues agricoles d’antan.
Le Belge Timou Desdemoustier surprend dans une accumulation de couches de vêtements pour homme. Maintenus par des boutons-pressions, les tissus s’enlèvent et se rajoutent, construisent et déconstruisent la ligne. « Je suis fasciné par la façon de tomber des habits, ce qui change totalement leur forme », dit-il. Originaire de Guadeloupe, Marvin M’Toumo avoue que « faire des costumes depuis tout petit est le seul domaine qui me donne confiance ». Pour sa collection Chien Fleur, il a puisé dans les noms d’oiseaux que certains donnent aux femmes, pour produire des modèles de pigeon, paon, poulet, colombe, etc. Un hommage aux femmes marginalisées pour cet ancien de la villa Arson à Nice, passé ensuite par la haute école d’art et de design de Genève.
Française mais de parents chinois,
Céline Shen cherche à se reconnecter à ses racines. Sa collection est inspirée du trousseau que se transmettent les femmes de mère en fille. « L’habit va plus loin que ce que l’on voit, c’est un témoignage d’émotion qui permet d’être en osmose avec soimême », a-t-elle confié. Pour sa collection homme, l’Autrichien Maximilian Rittler a puisé dans l’énergie du glamrock. Strass sur le modèle inspiré d’Elvis, tissu ample pour celui en hommage à Bowie. À noter : une chemise découpée dans le dos qui permet de prêter une moitié et de se servir de l’autre moitié comme d’une cape. Le créateur a aussi fourni sa playlist au jury.
Le Belge Tom van der Borght a cité sa maman : « Selon elle, je suis plus un artiste qu’un créateur de mode. Ce que je sais, c’est que je suis difficile à ranger dans une boîte ». Sa collection homme est exubérante, jusqu’au-boutiste, difficilement compréhensible pour le grand public. Les visages ne sont quasiment pas visibles sous l’abondance d’attaches en plastique. « C’est une invitation à célébrer notre unité par-delà nos différences », ditil.
La Polonaise Katarzyna Cichy s’inspire d’une femme obligée de se travestir en homme, pour créer des formes masculines avec de larges poches où garder ce qui nous est cher, et des formes plus fluides et féminines. « Ces vêtements permettent aux femmes d’aller de l’avant et d’entreprendre », affirmet-elle. La sobriété des modèles est contrebalancée par de superbes bijoux de porcelaine.
Pour sa collection Interstices, le > Deux autres concours en photographie et en accessoires de mode. Les lauréats du festival d’Hyères se voient entrouvrir les portes de la reconnaissance tant l’événement a acquis ses lettres de noblesse dans la révélation de jeunes talents.
> Des expositions à foison : la collection de photos de Marie-Laure de Noailles par François-Marie Banier ; l’exposition Love My Way qui aborde la difficulté d’être homosexuel ; les salles réservées aux présidents des jurys, Jonathan Anderson, Paolo Roversi et Hubert Barrère ; les expos des lauréats ; l’exposition Carin ou le cercle vertueux de Sara Favriau, en partenariat avec la Fondation Carmignac.
Lillois Xavier Brisoux s’inspire de l’image des guerriers japonais et de son goût pour les comic books. Des tuniques en coton, très près du corps, agissent en faire-valoir de splendides créations de laine de mérinos d’Arles, tissée en France. « Ma démarche artistique est à la croisée de la mode, de la maille, du tricot et de la sculpture », dit-il. Le Toscan Andrea Grossi surprend avec ses tuniques en cuir couleur chair, telles une seconde peau. « J’interprète le présent pour donner ma vision du futur, quand on pourra recréer son corps en faisant mieux que l’original », dit-il.
Enfin, la Française Aline Boubert, qui a vécu en Afrique de l’Ouest, s’inspire de la tradition africaine et juxtapose des à-plats de cuir réversibles de différentes tribus. « J’aime l’idée de faire beaucoup de choses différentes avec très peu d’éléments », note-t-elle.
> Des ateliers de création de fleurs en papier de Morgan Ponsonnet ou « Dessine-moi et habille-moi » de Jacques Merle (nombre de places limité).
> Des performances en danse par Adrien Martins, aujourd’hui à h .
> Des rencontres professionnelles sous l’égide de la Fédération de la haute couture et de la mode.
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Je suis plus un artiste qu’un créateur de mode”