Monaco-Matin

Adil Rami : « Je ne

- Propos recueillis par Alexandre PLUMEY Photos : DR et d’archives Christophe Chavignaud

Plutôt bavard sur Instagram, il avait souhaité se faire discret cet été pour s’entretenir physiqueme­nt entre Fréjus et Saint-Tropez. Comme la fourmi avant l’hiver. Rentré « très touché », selon ses proches, de sa campagne de Russie à Sotchi, Adil Rami,  ans le  décembre, a repris du poil de la bête après avoir pensé arrêter sa carrière. Tacleur sur un terrain et sensible comme dans la vie, le Fréjusien se livre dans un ouvrage intitulé Autopsie, en vente depuis avant-hier. Celle d’un survivant. Non pas qu’il soit mort, mais qu’il a été et reste blessé. Autopsie de son enfance durant laquelle il a plus d’yeux pour le ballon que pour les cahiers, de sa carrière alternant le chaud et le froid. Jusqu’à ce que l’ex-joueur de l’Étoile suive la sienne. Celle qui l’a menée à une autre : dorée sur le torse des champions du monde. L’homme à l’extincteur en Russie avec les Bleus allume quelques brèches enflammées sur le monde du foot, ses acteurs, ses à-côtés, ses dérives. Entretien. Sans filtre.

Pourquoi ce livre ?

J’avais besoin de laisser mon histoire gravée quelque part. Pour la faire partager aux jeunes footballeu­rs ou aux autres travailleu­rs. Ce que j’ai pu vivre : le bon et le moins bon, de la mairie de Fréjus au titre de champion du monde. Ce n’est pas rien.

Est-ce qu’il y a eu une réflexion sur le fait que vous soyez en activité ?

Il devait sortir cette année. Après, il y a eu l’incertitud­e coronaviru­s. J’étais en grande réflexion sur ma carrière également. Signer à Boavista a mis le livre en péril. Mais je me suis dit :

« Assume, c’est le moment ». Surtout que ce n’est pas un livre pour redorer mon image et sortir du monde du foot tout propre ou tout lisse, il est juste franc.

Est-ce qu’il ne s’agit pas aussi de se défendre ?

Il y avait un réel besoin de partager. Le football est un monde hostile, où on ne peut pas dire ce qu’on veut. Où tout mène à des articles “putaclics”, sur le sportif ou l’extrasport­if. Ces personnes aiment la polémique, ce ping-pong sur les réseaux sociaux. Et j’ai la flemme de répondre à force, même si c’est vexant. Écrire un livre permet de clarifier tout ça.

Les mots y sont crus, le langage presque comme à l’oral, pourquoi ce choix ?

Parce que je suis comme ça dans la vraie vie. Je n’ai pas de filtre. Je ne suis pas un saint, ni l’homme le plus parfait ou le meilleur joueur du monde. Je viens d’un quartier, je me suis battu, j’ai craché, j’ai pris des crachats. J’ai envie d’être moi-même, même si avec le temps, j’ai compris que dans ce monde des célébrités, ça te fait du tort. S’ils ne m’aiment pas, je n’y peux rien.

Si l’on devait résumer votre vie en un mot depuis le titre de champion du monde…

Acceptatio­n et adaptation. Le fait de s’adapter dans la souffrance. J’ai laissé passer l’orage. Je vais mieux.

Le plus pesant pour vous durant cette période, c’est l’incertitud­e sportive ou l’extrasport­if, notamment avec Pamela Anderson ?

Le côté personnel est vite passé. Même si j’accepte mes erreurs, je me dis que certaines personnes malveillan­tes ne me méritaient pas. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est qu’on a essayé de me noyer au niveau du foot. Mais ils n’ont pas compris que j’ai travaillé à la mairie de Fréjus. Je viens de loin. Je crains absolument dégun. On ne noie pas un poisson.

Comment avez-vous vécu cette dernière saison compliquée à Marseille ?

Tous les gars ont eu un coup de mou après la Coupe du monde. Je le savais. Je me suis même excusé auprès de certaines personnes en fin de saison. On m’a coupé l’herbe sous le pied. Je ne lui pardonnera­i jamais.

À qui ?

Je suis en procès, je ne peux pas dire son nom. Vous devez bien vous douter (Jacques-Henri Eyraud Ndlr).

Dans le livre, vous dites :

« Je ne me suis plus senti footballeu­r, on parle de moi à l’imparfait. » Avez-vous pensé à prendre votre retraite ?

Oui. Mes proches m’ont convaincu de continuer. J’aime beaucoup la télé, le cinéma, Paris. J’avais envie de prendre des cours pour commencer ça. Au début, je m’entraînais sans grande conviction. Et le goût de l’effort, du foot sont revenus, je me suis senti de mieux en mieux. Même si j’avais envie de m’occuper de mes enfants, je me suis dit qu’à  ans, voir leur papa sur un terrain, c’est toujours plaisant.

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Vos ambitions à Boavista ?

Je suis dans une équipe avec plein de jeunes. J’aide. Je me sens utile. Je revis de ma passion dans un bon club en reconstruc­tion. Ça me plaît.

Est-ce votre dernier challenge ?

Pour l’instant, je ne sais pas. Même moi, des fois, je me surprends. Alors je ne vais rien avancer, mais on n’est pas l’abri de surprises.

Bon, finalement, «onles aura les méchants » ?

Je suis en train de les avoir depuis que j’ai quitté la mairie de Fréjus. Je suis un doux rêveur. Tous les soirs, je regarde des Walt Disney. Pour les gens pas bien, je fais confiance au karma. Ils ne le prendront pas de vitesse.

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Autopsie.
De Fréjus à Boavista, il revient sur sa carrière.
Adil Rami se livre dans un ouvrage intitulé Autopsie. De Fréjus à Boavista, il revient sur sa carrière.

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