La réserve de sécurité civile de Castellar aide les sinistrés
La Réserve communale de sécurité civile (RCSC) de Castellar vient en aide aux habitants de la vallée sinistrée depuis la catastrophe. Elle peut compter sur la mobilisation de citoyens sur place
Dès le vendredi soir de l’effrayante tempête Alex, des bénévoles de la Réserve communale de sécurité civile (RCSC) de Castellar étaient présents à Breil-sur-Roya. Non pas qu’ils aient deviné à l’avance l’ampleur de la catastrophe, mais parce que la vigilance rouge les avait conduits à intervenir. Question de formation. Et d’expérience en matière de gestion de crise. Depuis, les Castellarois se relaient pour des opérations de plusieurs jours dans la vallée. Prêts à retrousser les manches de leur tenue orange et bleue pour épauler les habitants en difficulté.
Mission : rétablir l’eau
Faute d’hélicoptère disponible vendredi matin, c’est par la draisine que le petit groupe rejoint Saint-Dalmas-de-Tende, où il est attendu pour une mission hydraulique. Depuis la gare de Breil, le train, qui surplombe les routes arrachées, prend 1 h 15 pour convoyer les secouristes dans la Haute Roya. Le temps pour le coordinateur départemental du centre national des réserves communales de sécurité civile, Sébastien Prevost – par ailleurs responsable de la RCSC de Castellar – de faire un point avec ses hommes. Et de caler les derniers détails. «On monte du matériel pour reprendre les canalisations d’un lotissement d’une dizaine de familles au col de Loubaïra », explique-t-il. Au sortir d’un des nombreux tunnels qui jalonnent le parcours, le responsable sort un petit papier plié. Un « pense-bête » où figurent les informations et les contacts nécessaires dans la vallée.
Il est pratiquement midi quand la draisine atteint le quai temporaire mis en place à Saint-Dalmas. Là,
André Olivari décharge l’ensemble des palettes acheminées par les rails. Un pompier volontaire souligne alors que « Dédé » met son entreprise de maçonnerie de côté pour venir en aide aux populations de la Haute Roya, toutes les denrées et tout le matériel leur étant destinés.
Un pick-up attend Sébastien et ses trois acolytes du jour. À son bord, Aude, Yann et Jordi, tous trois habitants du secteur privé d’eau.
« Le col où l’on vit se trouve entre Tende et La Brigue. Quand on s’est installés, on a réfléchi à comment être alimentés, c’était la condition pour pouvoir vivre là. Nous avons eu l’idée d’aller capter de l’eau sur la montagne d’en face. Quand on a réussi il y a 6-7 ans, c’était très émouvant », commente Jordi. Indiquant que les canalisations, qui courent sur 5 km, fonctionnent par un système de vases communicants : la colonne d’eau descendante pousse celle montante. Fonctionnaient, du moins. La tempête ayant arraché tout l’ingénieux système. Aidés par des amis montagnards, les Tendasques se sont rapidement attelés à réparer les dégâts, manquait juste le matériel apporté par la RCSC (offert par les sociétés Espace bricolage, Sofidis Comedis et Tendresse de bébé) pour finaliser. « Le maire nous a donné l’autorisation de passer en aérien pour la partie basse. Avant la catastrophe, les tuyaux passaient sous l’eau », complète Jordi. Précisant que des tuyaux en métal étaient notamment nécessaires pour supporter la pression de l’eau.
Unis dans l’adversité
Quinze minutes de marche au-dessus de la RD6204 suffisent aux hommes pour rejoindre l’endroit où les derniers raccordements doivent être faits. Réservistes et professionnels de la montagne se répartissent en deux groupes. Le premier gravit la montagne pour déployer les tuyaux en plastique jusqu’à la source. Le second fixe les tuyaux en métal tout juste arrivés. Les heures passent, mais pas la motivation.
La mission aboutira par une belle réussite. Après quelques péripéties, l’eau était rétablie dans le lotissement samedi après-midi. Clap de fin pour les réservistes ? Pas tout à fait. « Vendredi soir, après ces travaux de raccordement, on est tombés sur un vacher de Vievola qui avait tout perdu et dont le foin avait pris l’eau, poursuit Sébastien Prevost. Il a été halluciné de nous voir arriver le lendemain matin. On l’a aidé à nettoyer et à mettre au sec le foin qui pouvait l’être. Puis nous sommes remontés hier avec des pompiers et des bénévoles marcheurs. » Unies dans un même objectif de solidarité, les forces en présence sont parvenues à redonner le sourire au vacher. « En un week-end, nous avons réalisé ce que, seul, il aurait fait en 15 jours. À notre échelle, c’est énorme. Ces missions-là nous tiennent à coeur...»