Monaco démasqué par Charles Fréger
Le photographe présente une série de polyptiques composés chacun de portraits filmés de femmes et d’hommes qui font la Principauté
La Salle d’exposition de Quai Antoine-Ier offre un regard à la fois authentique et poétique sur le quotidien de seize métiers ou modes de vie aujourd’hui en Principauté. Nageuses à l’entraînement, petits chanteurs, danseuses des Ballets de Monte-Carlo, ouvriers de l’extension en mer, seniors au Musée océanographique, carabiniers du Prince... Autant d’existences différentes et de destins singuliers incarnés par des femmes et des hommes que Charles Fréger a sélectionnés. Et en marge de ces séries, un cadre avec le prince Albert II qui se gante et regarde le spectateur.
En lien avec les équipes de la Direction des Affaires Culturelles, dirigées par Françoise Gamerdinger, et Björn Dahlström, qui prendra la direction du Nouveau Musée Nation de Monaco (NMNM) en avril prochain, le portraitiste passionné par la stature en costumes ou uniformes a composé un travail remarquable.
Seize polyptiques, dans une ambiance sonore pour chacun d’eux spécifique, rassemblent des portraits filmés au ralenti, immergent le spectateur dans un monde onirique qui donne à voir la réalité, plus qu’à y échapper. Les femmes et les hommes sont à la fois personnalités et personnages, souvent masqués. De drôles de vies dehors et... d’aujourd’hui qui défilent dans la salle d’exposition du quai Antoine-Ier.
Il a fallu une sacrée dose de bonne volonté pour que cette installation puisse voir le jour.
« Ce projet a demandé une grande énergie, explique Françoise Gamerdinger. Il est une page d’histoire de Monaco. Nous avons travaillé ensemble durant le confinement, parfois jusqu’à minuit, » et les prises de vues ont été réalisées entre le 20 juin et le 7 juillet.
« Les personnes qui se sont prêtées au jeu - plus de deux cents - ont toutes un tirage Charles Fréger. » Avec ces courts films, le photographe ôte l’habit de portraitiste qu’il est habituellement. Pour Björk Dahlström, mouvements et ambiance sonore ici rendus sont « très émouvants dans le contexte de distanciation sociale actuelle ». Charles Fréger se réjouit : « J’avais envie de faire bouger les lignes de mon travail. Ce sont ici des images filmiques. La gestuelle devient un élément de la personnalité et de l’appartenance collective ».
Dans le désert culturel qu’impose la crise sanitaire, cette exposition est une pépite qui donne à voir le monde d’après... devenu monde de maintenant.