Pénurie de vaccins sur la Côte d’Azur
Les commandes de vaccin antigrippal ne peuvent plus être honorées, les laboratoires étant en rupture de stock. Le cri d’alarme des établissements de santé azuréens qui regrettent une impréparation
Vaccinez, vaccinez, vaccinez… D’accord, mais comment faire sans vaccin ? L’histoire bégaie douloureusement. Après les masques et les tests, dont on a vanté les mérites pendant qu’ils manquaient cruellement, c’est autour du vaccin antigrippal d’être en rupture. Depuis plusieurs semaines, les instances sanitaires rappellent combien il est important, cette année plus que jamais, de se faire vacciner contre la grippe. Deux raisons principales à cela : chaque hiver, cette infection conduit des personnes de tous âges en réanimation, une spécialité en tension extrême dans le contexte sanitaire présent. Par ailleurs, les symptômes de la grippe s’apparentant à ceux de la Covid, la vaccination contre la première permet de « débrouiller » un peu la prise en charge et de proposer rapidement les soins adaptés.
« Nous ne sommes plus en mesure d’honorer les commandes »
Rien à dire concernant la communication sur la vaccination antigrippale. Elle a même été tellement performante que les soignants – rappelons qu’ils font partie, avec les personnes âgées et à risque, des publics fortement incités à se vacciner – ont été beaucoup plus nombreux que les années précédentes à suivre cette recommandation. Oui, mais voilà, même si la plupart des cliniques et hôpitaux de la région ont anticipé, en commandant dès les mois de juin et juillet des premières doses de vaccins, ils n’en ont plus en quantité suffisante pour l’ensemble de leurs soignants. Et leurs commandes se voient désormais opposer une fin de non-recevoir. « Nous ne sommes plus en mesure de saisir et d’honorer les commandes de vaccins » : c’est la réponse lapidaire que tous les établissements de santé ont ainsi obtenue hier matin des laboratoires qui produisent le vaccin contre la grippe. « Comment répondre aux injonctions et conseils tutélaires si les vaccins nous font défaut ? La logique voudrait pourtant que le personnel de santé soit prioritaire », s’emporte le Dr Pierre Alemanno, président du conseil d’administration de la polyclinique Saint-Jean à Cagnessur-Mer, qui n’a pas tardé à alerter les instances sanitaires sur la gravité de ce qui se dessinait, avec la progression de l’épidémie de la Covid-19.
« Plus que doses disponibles »
« Lorsque je me suis inquiété de la situation, on m’a répondu que la problématique relative aux commandes des vaccins contre la grippe était nationale ; plusieurs régions notamment en ProvenceAlpes-Côte d’Azur et en Corse sont désormais dans l’impossibilité de passer des commandes pour ces vaccins auprès des laboratoires », rapporte-t-il, très inquiet. Même son de cloche du côté de l’institut Arnault Tzanck à Saint-Laurent-duVar: « Notre commande supplémentaire de vaccins, vient de nous être retournée en disant qu’elle ne sera pas honorée et aucun grossiste ne pourra fournir des vaccins ! », s’alarme Michel Salvadori, directeur général de l’Institut. Le groupe Saint George est lui aussi dans la tourmente : «En juillet, nous avions commandé 120 doses ; les salariés ont été nombreux à se faire vacciner, et nous n’avons plus que 20 doses disponibles. Certains de nos établissements n’ont pas été livrés, et les laboratoires nous répondent qu’on ne peut rien attendre avant plusieurs semaines », relaie la responsable communication du groupe de cliniques niçoises.
Hervé Ferrant, directeur de l’hôpital privé gériatrique Les Sources à Nice, s’inquiète lui aussi de l’avenir. « En juin dernier, nous avons commandé 180 doses, ce qui nous a permis de vacciner une partie des soignants ; mais, nous aurions aimé compléter, et là on nous répond que c’est impossible. »