L’aéronavale commémore les 100 ans du 1er appontage
Le 20 octobre 1920, en rade de Toulon, le lieutenant de vaisseau Paul Teste entrait dans l’histoire de l’aéronautique navale française en étant le 1er pilote à poser son appareil sur un porte-avions
Alors que les dirigeants français – Emmanuel Macron, le chef des armées en tête – réfléchissent au futur remplaçant du Charles-de-Gaulle, l’aéronavale française célèbre aujourd’hui son acte fondateur. Il y a très exactement cent ans, dans la matinée du 20 octobre 1920, le lieutenant de vaisseau Paul Teste réussissait en effet à poser son Hanriot HD2, un biplan monoplace, sur le pont du Béarn !
Un exploit célébré avec quelques jours d’avance sur la date anniversaire. Jeudi dernier, les Varois habitant sur le littoral entre Giens et Saint-Mandrier, ont pu apercevoir un drôle de défilé aérien dans le ciel azuréen : un Bréguet Alizé et un Fouga Zéphyr, deux appareils retirés du service depuis plusieurs années déjà, étaient en effet accompagnés de quatre Rafale Marine et d’un avion de guet aérien Hawkeye.
Les Américains, vrais pionniers
Ancien pilote de la chasse embarquée, Robert Feuilloy, « 655 appontages au compteur, dont 174 de nuit », entretient sa passion de l’aéronavale au sein de l’Ardhan (association pour la recherche de documentation sur l’histoire de l’aéronautique navale). Pour nous, il revient sur ce premier appontage français. « La France n’est pas la première nation à avoir posé un appareil sur un porte-avions. Les États-Unis l’avaient fait en 1911 et le Royaume-Uni en 1917 », préciset-il en préambule, sans chercher à minimiser l’exploit du pionnier tricolore Paul Teste.
Tout sauf une sinécure
Et pour cause ! À en croire cet ancien pilote de Crusader, Corsair II et autre Super Étendard aujourd’hui à la retraite, apponter sur le Béarn, cuirassé transformé en porteavions (mais qui ne fut doté d’une propulsion qu’en 1926), ne fut pas une sinécure. « La méthode Lartigue, qui consiste à se présenter dans l’axe du porte-avions selon une pente constante de 3,5°, ne fut adoptée qu’en 1935. À l’époque du capitaine Teste, les pilotes effectuaient des approches en vol horizontal. Avant de tenter d’apponter, ils réalisaient des passes successives à 1,5 m au-dessus du pont, puis 1 m et enfin 50 centimètres. À sa première tentative pour accrocher l’un des 16 brins d’arrêt, l’avion du LV Teste rebondit sur le pont du Béarn, obligeant le pilote à remettre les gaz. Ce n’est qu’à la cinquième passe d’une deuxième séance d’essais, et après avoir changé d’appareil, que le capitaine Teste réussit à immobiliser son avion sur le pont », raconte Robert Feuilloy. Outre le lieutenant de vaisseau Paul Teste, trois autres pilotes réussirent à poser leur appareil sur le Béarn entre le 20 et le 24 octobre 1920. Parfois au terme de grosses frayeurs. Ainsi, l’après-midi de ce même 20 octobre, le maître Georges Bougault finit… à l’eau. Deux jours plus tard, l’enseigne de vaisseau Jean Reynaud brise son hélice après un appontage un peu brutal.