Monaco-Matin

Les « réas » près de la saturation dans les A.-M.

Les Alpes-Maritimes s’approchent du classement en zone rouge écarlate. Nous risquons le couvre-feu. Christian Estrosi, maire de Nice et président du CHU, tire la sonnette d’alarme et appelle à la responsabi­lité

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Vous êtes inquiet ?

Je veux lancer l’alerte générale. Nous voyons une courbe qui, en France comme chez nous, ne cesse de progresser. On est dans une deuxième vague qui pourrait être plus forte que la première. Certaines métropoles sont en zone rouge écarlate, jusqu’à présent, nous étions nettement en dessous de ce seuil mais nous nous en rapprochon­s dangereuse­ment. Je suis inquiet des résultats du prochain classement. On risque de subir des mesures comme le couvrefeu…

Les chiffres sont préoccupan­ts ?

On a aujourd’hui [hier, N.D.L.R.]  malades de la Covid hospitalis­és dans des services convention­nels et  autres en réanimatio­n. Le  octobre, on avait  patients en hospitalis­ation convention­nelle et  en réanimatio­n. En huit jours, le nombre de patients Covid en réanimatio­n a été multiplié par trois !

Le CHU et les cliniques du départemen­t peuventils faire face à cette deuxième vague ?

Nous avons au total, entre le CHU et les cliniques privées, cent places d’hospitalis­ation convention­nelle dédiées à la Covid. Aujourd’hui, [hier, N.D.L.R.], ces  places sont occupées,  restent libres. Dans les réanimatio­ns du départemen­t,  places sont dédiées aux malades de la Covid et  sont occupées ! C’est-à-dire qu’on a dû prendre sept lits dédiés à d’autres pathologie­s lourdes. On a dû déprogramm­er d’autres patients qui ne souffrent pas de la Covid mais qui, eux aussi, ont besoin de soins et qui doivent pouvoir être soignés. Les « réas » du départemen­t sont quasiment saturées. C’est un révélateur de la faiblesse de notre système de santé. La France n’est pas préparée et le Ségur de la santé n’a pas tiré les leçons de la première vague.

Où trouver des lits ?

On est en relation avec le CHU et l’équipe de gériatrie mobile du professeur Olivier Guérin. Ils ont une unité inoccupée de  lits qui pourraient accueillir nos seniors. Des lits d’hospitalis­ation et de suivi pour permettre de les isoler pour qu’ils ne contaminen­t pas leur entourage, permettre de mieux les encadrer, de prendre soin d’eux. Malheureus­ement, on ne peut pas l’activer faute de personnel suffisant. Je demande au directeur régional de l’ARS (Agence régionale de santé) et au préfet de réquisitio­nner des soignants libéraux pour armer médicaleme­nt cette unité.

Vous en appelez à la responsabi­lité de chacun…

Face à la menace, il y a un manque de responsabi­lité. Je regrette, par exemple, que, chez nous, très peu d’établissem­ents aient mis en place, le registre obligatoir­e qui recense le nom et le numéro de téléphone des clients et qui est le moyen de retrouver les cas contacts. J’étais à Paris dans la semaine, j’ai déjeuné dans deux restaurant­s, j’ai rempli une fiche à chaque fois. Il n’y a pas de raison qu’ici, on se sente exonérés de le faire. Mon devoir, c’est de dire avec énergie que si chacun – anonyme, restaurate­ur, commerçant etc. – n’assume pas sa part, on va dans le mur.

Vous multipliez les patrouille­s…

J’ai demandé à la police municipale, en lien avec le préfet, une intensific­ation des contrôles sur le port du masque et les gestes barrière. En deux semaines, nous avons dressé  PV pour nonport du masque à Nice. Quarante-huit débits de boissons et six snacks ont été verbalisés. Soixante établissem­ents étaient en règle.

Sanctions et prévention ?

On a réalisé   tests PCR dans nos centres niçois depuis le er août. Et on va intensifie­r les campagnes de test antigéniqu­es : au

() conservato­ire et dans les pôles universita­ires à la rentrée. J’ai également passé un accord avec le ministre délégué en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, pour que la zone de départ de l’aéroport de Nice puisse bénéficier de ces tests au même titre que les aéroports de Paris. Je discute avec l’ARS pour pouvoir aller faire ces tests dans les entreprise­s et université­s qui le demandent et pour pouvoir en fournir gratuiteme­nt aux médecins qui le souhaitent. Enfin, on lance aussi une campagne de tests Multiplex, qui vont être validés par la Haute autorité de santé et qui permettent de distinguer la Covid des autres pathologie­s saisonnièr­es, comme la grippe. J’ai lancé le marché. Ce test n’est pas remboursé par la CPAM, nous le prendrons en charge. On sera opérationn­els sous quinze jours dans les drives de Nice.

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