Monaco-Matin

Condamnés pour une fausse immatricul­ation

Un Russe domicilié à Chypre avait demandé à son ami danois de Monaco d’entreprend­re les démarches personnell­es afin d’obtenir des plaques monégasque­s pour une Lamborghin­i

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Florestan Bellinzona et Morgan Raymond.

Le dossier instruit par le tribunal correction­nel cachait-il un trafic de plaques d’immatricul­ations monégasque­s ? À l’audience, rien ne le laissait supposer malgré l’absence d’un des prévenus, un Russe résidant à Chypre. Certes, les révélation­s sur les intentions du véritable propriétai­re d’une Lamborghin­i flambant neuve arborant une plaque monégasque faisaient défaut. Mais son ami et intermédia­ire danois, auteur complaisan­t des démarches entreprise­s auprès du Service des titres de circulatio­n sous sa propre identité grâce à une fausse facture, était présent. Or, il n’a pas été très loquace. Il s’agirait, selon lui, d’une histoire de cadeau d’anniversai­re… À 262 000 € tout de même !

Au cours du débat mené par le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e, l’affaire prend une tournure différente. Le pot aux roses était découvert le 2 juillet 2019 à l’occasion d’un accident avec le bolide concerné. Le conducteur russe, comme il n’habitait plus en Principaut­é depuis mai 2018, donc sans certificat ni carte de résident valides sur le territoire, déclarait à l’arrivée des policiers que le véhicule appartenai­t à son ami danois. Les fonctionna­ires flairaient l’aberration et transmetta­ient leur rapport au parquet. Une informatio­n était ouverte afin de connaître le nom de l’authentiqu­e propriétai­re.

« Par pure amitié »

À l’audience, les questions du magistrat se sont succédé pour faire céder le prévenu. « Vous n’étiez pas le propriétai­re, relève le président. La facture était réglée par un tiers, l’utilisateu­r était un non-résident monégasque. Vous avez fait une fausse déclaratio­n pour obtenir les documents du Service de la circulatio­n ? » Embarrassé, le ressortiss­ant scandinave fait état « des conseils du concession­naire. Il a établi la pièce comptable à mon nom. J’ai effectué ensuite la démarche auprès de l’administra­tion pour rendre service. Par pure amitié. Je pensais mon ami encore résident en Principaut­é ».

La barrière de la langue évoquée

Finalement, le prévenu se demande où est le problème. « Il est au préjudice de l’État monégasque, lui répond fermement le premier substitut Cyrielle Colle. S’il n’a pas compris, il en fera de même avec un prochain copain. Rendre service, ce n’est pas tromper tout le monde. Aucun bénéfice retiré ? Ce n’est pas pareil pour le Russe. Je requiers deux mois avec sursis pour ce dernier et 5 000 € d’amende ferme pour l’autre prévenu. »

La défense fait part « la surprise de se retrouver devant ce tribunal ». « Ces personnes ont été trompées par le concession­naire qui n’était peut-être pas au courant. Il propose et prépare les documents, affirment encore les avocats Donald Manasse et Charles Lécuyer. La barrière de la langue a favorisé l’incompréhe­nsion du délit. Pensez à la relaxe… »

Au moment de la décision, le tribunal sanctionne les prévenus russes et danois par des peines respective­s de 5 000 € d’amende et trois mois avec sursis.

 ??  ?? La Lamborghin­i avait une fausse plaque :  € d’amende pour l’un, trois mois avec sursis pour l’autre prévenu. (Photo illustrati­on C.D.)
La Lamborghin­i avait une fausse plaque :  € d’amende pour l’un, trois mois avec sursis pour l’autre prévenu. (Photo illustrati­on C.D.)

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