Confinement : à qui la faute ?
« L’hôpital est prêt », déclarait, la semaine dernière, le ministre de la santé, Olivier Véran, à la une du journal Les Echos. « Prêt à quoi ? », a-t-on envie de lui rétorquer après la décision de replonger le pays dans le confinement jusqu’au er décembre, voire plus. Les historiens de la santé dresseront un jour un bilan de la gestion de cette pandémie. Il n’est pas sûr qu’il soit clément. Il est inutile de rappeler l’étonnante liste de déclarations contradictoires du pouvoir depuis le début de la pandémie. A sa décharge, reconnaissons qu’il fut pris au dépourvu par ce virus inconnu. Et qu’il a reçu bien des avis médicaux contradictoires. C’est en tout cas ce qu’a plaidé l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, le octobre, devant la mission d’information parlementaire, pour expliquer les atermoiements gouvernementaux au mois de mars avant que ne soit trouvé un cap solide qu’il sut alors mieux défendre que le chef de l’Etat. En étant ferme et clair, il rassura et y gagna une popularité durable. Il avait gagné la confiance du pays et avait l’expérience de la gestion de la première vague, il fut donc renvoyé au Havre... Emmanuel Macron aurait-il cru qu’il n’y aurait pas de deuxième vague ? Depuis la mi-juillet, la courbe épidémique progresse de manière régulière et impitoyable. Il suffit de la consulter pour le constater. Le nouveau Premier ministre parcourait certes « les territoires » pour prôner la vigilance mais la voix de l’homme du déconfinement n’a pas porté et son crédit s’est vite envolé. On pouvait imaginer néanmoins que, pendant ce temps-là, tout était mis en oeuvre pour faire face à l’inexorable rebond épidémique qui se dessinait dans les données sanitaires de l’été. Le premier confinement avait été imposé pour que notre sytème de santé puisse résister à la brutale explosion du nombre de malades. Le manque de lits de réanimation était donc une priorité tout comme le recrutement de nouveaux personnels. Certes, des mesures ont été prises et le pouvoir n’est pas resté les bras croisés mais force est de constater que rien n’a été correctement anticipé en dépit de l’autojustification du chef de l’Etat hier soir et d’une stratégie qui semble réécrite. Si le Ségur de la santé a bien débouché sur une revalorisation salariale, elle laisse encore nos soignants en queue du classement européen. La règle à calcul de Bercy s’est imposée et la gestion du flux tendu est demeurée la ligne. Le résultat est là : un nouveau confinement car l’hôpital n’a pas les moyens d’affronter la deuxième vague de l’épidémie pas plus qu’il ne le sera s’il y en a une troisième ! Et nul ne sait si, à la fin de l’histoire, ce nouvel enfermement ne coûtera pas plus cher en vies pour des raisons économiques ou psychologiques que les investissements qui n’ont pas été faits et qui conduisent à remettre le pays à l’arrêt.
« Les historiens de la santé dresseront un jour un bilan de la gestion de cette pandémie. Il n’est pas sûr qu’il soit clément. »