Tende renoue avec le train : « Merci à nos amis italiens »
Émouvantes retrouvailles sur le quai de la gare tendasque, grâce au retour de Trenitalia dans la Roya. Qu’il conduise vers la France ou l’Italie, le rail fait un bien fou à cette vallée sinistrée
Elles sont tombées dans les bras l’une de l’autre. Leurs masques cachent leurs sourires, pas leur émotion. Sur le quai de la gare de Tende, Silvia Sandrone et Murielle Prigent se serrent fort, comme pour oublier la distanciation sociale née de la tempête Alex. Magnifique symbole de l’union rétablie entre France et Italie.
« On est émus. Ça fait trois semaines et demie qu’elle nous soutient à distance, qu’elle met des paillettes tous les jours dans notre vie », confie Murielle. Correspondante de Nice-Matin à Tende, elle y travaille au musée des Merveilles. Cette « petite famille » vient de retrouver sa directrice, Silvia. Enfin. Depuis samedi, deux trains affrétés par Trenitalia relient chaque jour Cuneo et SaintDalmas-de-Tende, via Limone et Tende. Une sacrée bouffée d’air pour ce village miné par les difficultés (nos éditions d’hier) depuis le passage d’Alex le 2 octobre. Silvia n’était plus revenue depuis. « Heureusement qu’ils ont remis le train ! On est très contents, ravis de pouvoir à nouveau venir soutenir la cause. On sera là ! » Son équipe s’est démenée sur le front de la solidarité. Silvia lui manifeste son soutien jusque dans ses cabas, remplis de pommes piémontaises. « On est des montagnards, des gens pratiques. Les pommes, ça se garde bien et c’est des vitamines ! »
Ces trains providentiels amènent d’autres travailleurs italiens. Tels Gabriele Tosello, 48 ans, de Limone. Il travaille avec ses collègues à la remise en état du lit du fleuve défiguré. « Sans le train, on devrait passer par la montagne. Il nous fallait près de trois heures en Jeep. Là, il faut une heure depuis Limone – le train roule à 20 km/h. »
Courses à l’italienne
D’autres Italiens font le trajet en sens inverse. Mario Ietro, 61 ans, et Eleonora Cavalieri, 33 ans, partent faire les courses avec les enfants. «Les courses à l’italienne : pastasciutta, produits frais... » René Rebaudo, 80 ans, embarque quant à lui « pour les cigarettes et quelques bricoles : pommes, bananes, raisin... C’est quand même un bol d’air. » D’autres gagnent le hameau de Vievola. Tels André et Nathalie Alain, partis constater les dégâts dans leur résidence secondaire. On charge des vivres pour Vievola, aussi, sous la supervision de Lucie Moulin, l’adjointe déléguée aux hameaux. « Le train, c’est formidable. Merci à nos amis italiens ! »
Le message est passé. Et la conductrice du train, Miriam Greco, ne cache pas son « plaisir ». « Quand notre travail aide des personnes, comme dans ce cas précis, c’est surtout un bagage d’expériences et d’émotions ».