Deux soignants alsaciens bloqués
Leur témoignage réunit deux faits d’actualité. Les deux sujets majeurs du moment dans les Alpes-Maritimes. Tempête Alex, Covid-19 : le destin de Bertrand Klein, 64 ans, et Yolande, 68 ans, se retrouve imbriqués dans cette conjugaison d’événements.
Le couple Klein habite Riedisheim, près de Mulhouse. Soit l’épicentre de la première vague. Ces cadres de santé à la retraite ont une résidence secondaire à Tende, côté Sainte-Catherine, dans le haut du village. « Nous y passons en moyenne cinq mois par an. Nous avons malheureusement été surpris par la tempête Alex. » Voilà bientôt un mois qu’ils tentent de partir. En vain.
De la tempête, ils n’ont subi que des dégâts mineurs. Tout au plus une petite inondation. Problème : leur voiture est prise au piège faute d’accès routier. Leur Chevrolet Orlando d’1,8 tonne est difficile à évacuer. « C’est notre seul véhicule. Si nous partions sans lui, nous devrions en racheter ou louer un véhicule en Alsace. Et nous ne nous voyons pas la laisser en extérieur pendant plusieurs mois avec les aléas climatiques. »
Rejoindre la réserve sanitaire Bien sûr, Bertrand et Yolande Klein auraient pu évacuer par hélicoptère. Sans leur SUV. Mais ce qu’ils veulent, c’est le ferroutage qu’on leur a annoncé. «On est resté sur Tende dans cet espoir. Depuis samedi, un train de voyageurs vient de Cuneo. Trois fois par semaine, un train italien vient avec une plateforme de marchandise. Pourquoi ces wagons retournent vides, alors que nous sommes coincés à Tende ? »
La situation est d’autant plus rageante que Bertrand et Yolande Klein, quarante ans d’expérience à l’hôpital de Mulhouse, veulent rejoindre la réserve citoyenne alsacienne. « Nous serions prêts à participer aux tests ». Ils savent à quoi s’en tenir : Bertrand a eu la Covid début mars. Il doit aux bons soins de sa femme d’avoir évité l’hospitalisation : « Je peux vous dire que ça a secoué ! » Aujourd’hui, ils remuent ciel et terre pour évacuer et repartir au front. « Pour l’instant, le moral est bon. Mais la colère commence à monter. »