On The Rocks un cocktail dans l’air du temps
Porté par Bill Murray et Rashida Jones, le nouveau film de Sofia Coppola est arrivé sur Apple TV+.
Sofia Coppola aime alterner les films d’époque comme Marie-Antoinette et Les Proies avec des propositions contemporaines. On The Rocks s’inscrit dans cette seconde catégorie en étant plus proche de l’atmosphère urbaine de Lost In Translation. Tokyo laisse toutefois place à New York et la question d’une possible romance à celle de la filiation. Un des points communs est la présence de Bill Murray, qui collabore (si l’on excepte un petit projet musical) avec la cinéaste seize ans plus tard… Des retrouvailles au sommet pour une comédie qui, malgré sa légèreté, aborde des problèmes plus délicats, résolument dans l’air du temps.
En premier lieu, il s’agit pour Sofia Coppola de « tuer le père » ou tout du moins de s’en affranchir. De là à faire un parallèle avec son cinéma qui se détache de plus en plus de celui de Francis Ford – quoique des ressemblances existent toujours – il n’y a qu’un pas… Mieux elle semble s’amuser de la situation. La relation entretenue entre Félix (Bill Murray, donc) et Laura, campée par une pétillante Rashida Jones, est également l’occasion d’évoquer la différence entre les générations tout en insistant sur la nécessité de l’évolution de la société envers l’égalité des sexes.
Avec sa tendresse habituelle, son franc-parler et son air de play-boy, l’acteur fétiche de Jim Jarmusch apporte un véritable capital sympathie à un personnage « vielle école » qui ne voit les femmes que par leur physique et pense que tous les hommes sont – comme lui – infidèles. Cette vision du monde, il l’a forcément transmise à sa fille…
Enquête en duo sur délit d’adultère
Pourtant, malgré l’écart entre les personnalités, la complicité est là, mais il n’est pas difficile de voir qu’elle est encore sous son influence. Le fil conducteur (une enquête qu’ils mènent en duo pour surprendre le mari de Laura, un important homme d’affaires, en délit d’adultère avec son assistante) est l’occasion de montrer à quel point un gouffre s’est creusé entre eux. Reste à savoir quand la trentenaire osera prendre les choses en main et couper, une fois pour toutes, le cordon. Être une femme et non plus une fille, ni même une simple mère, rôles qu’elle endosse au quotidien, quitte à ne plus trouver le temps pour s’occuper d’ellemême et d’écrire son prochain roman. L’enjeu est à la fois simple, universel mais véritablement complexe et Sofia Coppola le fait ressentir avec le tact qu’on lui connaît.
Enrobé de la délicieuse atmosphère de la Grosse Pomme, proche de celle qu’affectionne Woody Allen, on retrouve le monde de l’art, les clubs cosy, la vie nocturne, des situations très drôles (mention spéciale à une course-poursuite saugrenue en décapotable) et des quiproquos inattendus (le passage au Mexique est un modèle du genre). Ce brillant On The Rocks est un cocktail intelligent, dans l’air du temps et qui se savoure avec bonheur.
Situations très drôles et quiproquos inattendus