Monaco-Matin

The Comey Rule les USA autrement

Canal+ propose, ce soir, une mini-série sur la relation tumultueus­e entre James Comey, ancien patron du FBI, et Donald Trump avec le Russiagate comme toile de fond.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr The Comey Rule, ce soir sur Canal+, à partir de 21 h.

Les élections présidenti­elles américaine­s sont un show à part entière. Le récent débat entre Donald Trump et Joe Biden a confirmé que cette cour de récréation à ciel ouvert n’avait aucune limite. Parfois, nul besoin de fiction pour attraper le vertige. Pourtant, Canal+ présente, à partir de ce soir à raison de quatre épisodes de 52 minutes, The Comey Rule, une série basée sur le livre de James Comey, ancien patron du FBI entre 2013 et 2017 avant de se faire... limoger par Donald Trump. Comey n’est pas un simple flic en costard cravate, c’est l’homme qui va être au coeur de plusieurs scandales, des prémices de l’enquête russe aux investigat­ions du FBI dans l’affaire des mails de Hillary Clinton qui vont être déterminan­ts dans les résultats du scrutin. La série s’articule donc autour du duo Comey-Trump. Sous les traits de James Comey, le génial Jeff Daniels (The Newsroom, Godless, The Looming Tower) et pour le président américain, l’acteur irlandais Brendan Gleeson.

Ce dernier est bluffant, à la fois caricatura­l façon Alec Baldwin dans Saturday Night Live mais aussi terribleme­nt authentiqu­e. D’ailleurs, l’homme à la tête de la première puissance mondiale apparaît petit à petit dans la série. Il faut respecter le mythe.

On voit d’abord ses épaules larges. Puis sa chevelure rappelant la couleur des champs de maïs de l’Indiana. Ses mains baladeuses. Et cette cravate, trop large et trop longue. Puis cette trogne, cette gouaille, cette poignée de mains, ce dédain et cette pression permanente qu’il met sur James Comey : « J’ai besoin de loyauté, je m’attends à de la loyauté », lui lance-t-il rapidement au visage. Car les deux hommes vont aller jusqu’à manger en

‘‘ tête à tête, à la Maison Blanche, pour gérer les affaires courantes. Leur cohabitati­on ne va pas durer longtemps puisque Trump va limoger Comey, en mai 2017, pendant que ce dernier menait une enquête sur les ingérences étrangères dans l’élection de 2016 suspectées d’avoir contribué à la victoire surprise du milliardai­re républicai­n.

Un licencieme­nt qui avait fait beaucoup de bruits outre-Atlantique, menant à l’ouverture de la vaste enquête russe du procureur Robert Mueller que les médias vont rapidement appeler Russiagate.

Après presque deux ans d’enquête, le rapport Mueller n’avait pas mis en évidence de collusion entre l’équipe de campagne de Trump et le pouvoir russe mais avait réussi à montrer que la garde rapprochée de l’actuel président des USA avait eu des contacts directs et fréquents avec des intermédia­ires russes et que la Russie était intervenue dans la campagne présidenti­elle avec l’intention de favoriser le candidat républicai­n, notamment en piratant les mails du candidat démocrate Hillary Clinton. On pourrait trouver la série drôle, cynique et terribleme­nt critique s’il ne s’agissait pas... de la triste réalité. D’ailleurs, la série a été très critiquée à sa sortie, fin septembre aux États-Unis.

Des politicien­s aussi ressemblan­t que possible

Dans un pays touché de plein fouet par la crise sanitaire (plus de deux cent mille morts) et qui entame sa dernière ligne droite avant les élections présidenti­elles de novembre, on a reproché aux producteur­s de jeter de l’huile sur le feu gratuiteme­nt.

La série réussit pourtant le plus important, à savoir recontextu­aliser les élections de 2016 en introduisa­nt chaque personnage dès qu’il apparaît à l’écran. La production a d’ailleurs fait un travail titanesque pour rendre chaque personnage politique majeur aussi ressemblan­t que possible, de Barack Obama (Kingsley Ben-Adir) à Sally Yates (Holly Hunter) en passant par Michael Flynn (William Sadler) et Robert Mueller (Peter Coyote). La série tient beaucoup au charisme et au magnétisme de Gleeson, qui réussit à faire de Trump un personnage de fiction tout en noyant le téléspecta­teur sous une angoisse permanente. Si vous avez aimé The Loudest Voice avec Russell Crowe sous les traits du sadique Roger Ailes, vous devriez prendre un pied machiavéli­que face à Brendan Gleeson en agent Orange.

J’ai besoin de loyauté, je m’attends à de la loyauté”

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