Gestion des effectifs : le casse-tête des hôpitaux
La deuxième vague s’annonce violente. Pour y faire face, les différents établissements de santé, hôpitaux, cliniques, ont dû s’organiser et recruter... La situation reste tendue dans le secteur public
Le CHU de Nice occupe une place centrale dans la prise en charge des patients Covid +. Il est l’établissement support des Alpes-Maritimes, c’est lui qui, sous la houlette de l’ARS, pilote l’organisation des soins en collaboration avec les autres hôpitaux publics et privés. Au début de l’année et particulièrement pendant le confinement du printemps, il avait été en première ligne, en parvenant à garder la situation sous contrôle ; l’ensemble des patients nécessitant une hospitalisation ou un séjour en réanimation avaient pu être soignés dans le département. Comment les choses vont se dérouler aujourd’hui ?
Cette deuxième vague arrive dans un contexte bien différent de la première. « L’ensemble de la communauté hospitalière a été mobilisé et impactée par la crise de la Covid. Nos équipes sont fatiguées mais nous nous étions organisés cet été afin qu’elles puissent prendre des congés, indique Pascale Cuberes, directrice des soins au CHU de Nice et responsable des effectifs paramédicaux. Actuellement, la difficulté principale tient à l’évolution rapide de la situation sanitaire. La direction a la volonté de répondre à tous les besoins de santé de la population. Au total, nous avons procédé à 122 recrutements externes – toutes qualifications confondues – depuis le début de l’épidémie pour nous aider à faire face. Nous avons notamment pu embaucher des jeunes qui ont été récemment diplômés des filières paramédicales. »
Car disposer d’équipements ne suffit pas. La prise en charge des patients Covid + demande beaucoup de moyens humains. Alors au CHU comme ailleurs, il a fallu recruter.
Appel aux retraités
Au Centre hospitalier de Grasse, on se prépare. Pour l’instant, tout va bien, mais les choses pourraient vite changer. « Si nous ne disposons pas de suffisamment de personnel soignant, nous ne pourrons pas ouvrir de lits », explique-t-on à Clavary. C’est mathématique. Or l’établissement s’apprête à armer un dispositif qui lui permettra de recevoir davantage de patients. « Nous avons lancé des appels à recrutement. Nous recherchons notamment 6 infirmiers et 6 aides-soignants et également un médecin généraliste [si vous êtes disponible, contactez l’hôpital au 04.93.09.51.07, Ndlr]. La difficulté réside en partie dans le fait que pendant le confinement au printemps, nous pouvions nous appuyer sur les étudiants car les instituts de formations étaient fermés. Ce n’est pas le cas aujourd’hui – pour le moment du moins – donc nous faisons appel à des retraités qui seraient volontaires pour nous aider. »
Autre hôpital, même constat et même mode d’action. A Antibes-Juan-les Pins, Bastien Rippert-Teilhard, directeur général du CH, explique avoir « recruté une vingtaine de soignants ces deux derniers mois. C’était indispensable parce que l’ARS, sur la base de données épidémiologiques, nous a demandé d’être en capacité d’ouvrir des lits de réanimation. » Partout, les mêmes leviers d’action ont été utilisés : réorganisation des services, réaffectations des personnels formés et compétents sur les services tels que la réanimation, très consommateurs en ressources humaines.
Déprogrammation ?
Au CHU comme ailleurs, le recours aux heures supplémentaires déplafonnées, le roulement des équipes sur 12 heures ou encore le recours à l’intérim deviennent quasiment la règle. Impossible de faire autrement. Partout (hôpitaux comme Ehpad), les offres d’emploi pour les infirmiers, les aidessoignants et les médecins sont légion. Mais les candidats sont rares. Dernière solution pour garantir suffisamment de personnel
au chevet des patients Covid : la déprogrammation. Une solution qui permettrait de redéployer des effectifs mais qui impliquerait des reports d’intervention, parfois délétères. Les professionnels de santé, dans leur immense majorité, n’y sont pas favorables. Ou seulement à la marge. Mais la progression de l’épidémie n’offrira peutêtre
pas d’alternative, comme le suggère Bastien Ripert-Teilhard du CH Antibes-Juan-lesPins. « Nous commençons à nous projeter sur un potentiel début de report de programmes ».