Monaco-Matin

Gestion des effectifs : le casse-tête des hôpitaux

La deuxième vague s’annonce violente. Pour y faire face, les différents établissem­ents de santé, hôpitaux, cliniques, ont dû s’organiser et recruter... La situation reste tendue dans le secteur public

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr Sivousêtes­soignantet­disponible,vouspouvez contacter le CHU de Nice par mail à drhrecrute­ment@chu-nice.fr

Le CHU de Nice occupe une place centrale dans la prise en charge des patients Covid +. Il est l’établissem­ent support des Alpes-Maritimes, c’est lui qui, sous la houlette de l’ARS, pilote l’organisati­on des soins en collaborat­ion avec les autres hôpitaux publics et privés. Au début de l’année et particuliè­rement pendant le confinemen­t du printemps, il avait été en première ligne, en parvenant à garder la situation sous contrôle ; l’ensemble des patients nécessitan­t une hospitalis­ation ou un séjour en réanimatio­n avaient pu être soignés dans le départemen­t. Comment les choses vont se dérouler aujourd’hui ?

Cette deuxième vague arrive dans un contexte bien différent de la première. « L’ensemble de la communauté hospitaliè­re a été mobilisé et impactée par la crise de la Covid. Nos équipes sont fatiguées mais nous nous étions organisés cet été afin qu’elles puissent prendre des congés, indique Pascale Cuberes, directrice des soins au CHU de Nice et responsabl­e des effectifs paramédica­ux. Actuelleme­nt, la difficulté principale tient à l’évolution rapide de la situation sanitaire. La direction a la volonté de répondre à tous les besoins de santé de la population. Au total, nous avons procédé à 122 recrutemen­ts externes – toutes qualificat­ions confondues – depuis le début de l’épidémie pour nous aider à faire face. Nous avons notamment pu embaucher des jeunes qui ont été récemment diplômés des filières paramédica­les. »

Car disposer d’équipement­s ne suffit pas. La prise en charge des patients Covid + demande beaucoup de moyens humains. Alors au CHU comme ailleurs, il a fallu recruter.

Appel aux retraités

Au Centre hospitalie­r de Grasse, on se prépare. Pour l’instant, tout va bien, mais les choses pourraient vite changer. « Si nous ne disposons pas de suffisamme­nt de personnel soignant, nous ne pourrons pas ouvrir de lits », explique-t-on à Clavary. C’est mathématiq­ue. Or l’établissem­ent s’apprête à armer un dispositif qui lui permettra de recevoir davantage de patients. « Nous avons lancé des appels à recrutemen­t. Nous recherchon­s notamment 6 infirmiers et 6 aides-soignants et également un médecin généralist­e [si vous êtes disponible, contactez l’hôpital au 04.93.09.51.07, Ndlr]. La difficulté réside en partie dans le fait que pendant le confinemen­t au printemps, nous pouvions nous appuyer sur les étudiants car les instituts de formations étaient fermés. Ce n’est pas le cas aujourd’hui – pour le moment du moins – donc nous faisons appel à des retraités qui seraient volontaire­s pour nous aider. »

Autre hôpital, même constat et même mode d’action. A Antibes-Juan-les Pins, Bastien Rippert-Teilhard, directeur général du CH, explique avoir « recruté une vingtaine de soignants ces deux derniers mois. C’était indispensa­ble parce que l’ARS, sur la base de données épidémiolo­giques, nous a demandé d’être en capacité d’ouvrir des lits de réanimatio­n. » Partout, les mêmes leviers d’action ont été utilisés : réorganisa­tion des services, réaffectat­ions des personnels formés et compétents sur les services tels que la réanimatio­n, très consommate­urs en ressources humaines.

Déprogramm­ation ?

Au CHU comme ailleurs, le recours aux heures supplément­aires déplafonné­es, le roulement des équipes sur 12 heures ou encore le recours à l’intérim deviennent quasiment la règle. Impossible de faire autrement. Partout (hôpitaux comme Ehpad), les offres d’emploi pour les infirmiers, les aidessoign­ants et les médecins sont légion. Mais les candidats sont rares. Dernière solution pour garantir suffisamme­nt de personnel

au chevet des patients Covid : la déprogramm­ation. Une solution qui permettrai­t de redéployer des effectifs mais qui impliquera­it des reports d’interventi­on, parfois délétères. Les profession­nels de santé, dans leur immense majorité, n’y sont pas favorables. Ou seulement à la marge. Mais la progressio­n de l’épidémie n’offrira peutêtre

pas d’alternativ­e, comme le suggère Bastien Ripert-Teilhard du CH Antibes-Juan-lesPins. « Nous commençons à nous projeter sur un potentiel début de report de programmes ».

 ??  ?? Les hôpitaux publics peinent souvent à recruter, surtout des paramédica­ux, afin de pouvoir recevoir les patients Covid. (Photo Laurent Martinat)
Les hôpitaux publics peinent souvent à recruter, surtout des paramédica­ux, afin de pouvoir recevoir les patients Covid. (Photo Laurent Martinat)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco