Une octogénaire renversée sur un passage protégé
Sur un banc de bois du prétoire, une octogénaire est recroquevillée. Elle semble craintive. Ses yeux s’égarent quand l’huissier audiencier appelle les parties dans une affaire de blessures involontaires. Le prévenu, un Mauricien de 71 ans, est absent. Présente au titre de victime, son avocat rassure la dame âgée par des gestes de bienveillance. La complaisance, assurément de bonne foi, n’apaise pas la plaignante, imprégnée à jamais par la triste vicissitude de ce vendredi 28 février dernier.
Vers 13 h 15, cette dame traversait prudemment la chaussée sur le passage protégé situé à l’intersection de l’avenue du Berceau et de la rue des Violettes. Au même moment, le conducteur d’un véhicule la renversait. Souffrant d’une large fracture du fémur droit, elle était transportée au CHPG pour être opérée en urgence. Quatrevingt-dix jours d’ITT lui étaient prescrits.
« Ma cliente ne peut plus sortir »
Après un rappel des éléments de l’infraction, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle évoque les propos
(*) du retraité au volant de sa voiture. « Cet homme reconnaît les faits et estime qu’il n’a pas vu la personne traverser, gêné par un soleil rasant. Un fonctionnaire sur les lieux au moment de l’accident a estimé que l’automobiliste ne roulait pas vite et il atteste de la luminosité incommodante à cet instant de la journée. » Le conseil de la partie civile, Me Jean-Pascal Padovani, du Barreau de Nice, s’empresse de relayer l’anxiété, la douleur de sa cliente. À l’écouter, l’appréhension, la peur et d’autres troubles perturbent encore l’existence de la grand-mère assise derrière lui.
Avec des mouvements de bras faisant penser à l’homme de Vitruve (le dessin de Léonard de Vinci), l’avocat n’est pas venu « pour transformer le prévenu en monstre ! Mais mesurons l’impact avec une vitesse estimée entre 20 et 30 km/h. Outre les jours d’ITT, la victime a subi trente séances de rééducation, quinze avec l’orthopédiste et autres interventions pour vous décrire son traumatique psychologique. Outre le préjudice physique, ma cliente ne veut plus sortir. Nous demandons une expertise et 10 000 euros à titre de provision. »
Le procureur général adjoint Olivier Zamphiroff exalte la probité de la victime, « présente à l’audience au prix d’énormes efforts » et fustige le prévenu : « Je vais m’intéresser à ce résident monégasque. Il n’a pas retiré sa convocation ni honoré sa comparution. Certes, son assureur paiera… Assénez-lui une amende douloureuse : au moins 4 000 euros. »
Le tribunal a baissé la jauge à 3 000 euros, et le versement d’une somme de 15 000 euros de provision.