Monaco-Matin

Démocratie et responsabi­lité

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Dire que certains osent parler de dérive autoritair­e. De régime dictatoria­l ou orwellien, variante chic. Ils ne manquent pas d’air. À tous ceux-là, à commencer par Jean-Luc Mélenchon, on ne saurait trop conseiller, à défaut d’un petit stage chez un authentiqu­e dictateur, de relire L’Archipel du goulag d’Alexandre Soljenitsy­ne. Cela leur remettrait sûrement les idées d’aplomb. On peut reprocher quantité de travers au gouverneme­nt. D’être incompéten­t, à côté de la plaque, pourquoi pas. De faire des choix contestabl­es.

Des choix iniques même, comme cette persistanc­e à maintenir les commerçant­s la tête dans le seau, alors que bien d’autres plus grands pourvoyeur­s du virus passent entre les mailles du filet. Bref, de gérer cette crise avec une boîte à outils qui tient du bric-à-brac, faute d’y voir beaucoup plus clair qu’un bricolo du dimanche bataillant avec un meuble en kit rebelle. Dans cette période où gouverner relève plus que jamais de la chimère, l’exécutif fait ce qu’il peut. Il a commis des erreurs. Raté des coches. Qui n’en aurait pas loupé, tant la situation est improbable ? Mais lui reprocher son autoritari­sme fait doucement rigoler. La preuve, vous le savez comme moi, nous sommes assez peu nombreux à respecter le confinemen­t à la lettre, sans craindre pour autant d’être mis à l’amende.

Les jeunes se sentent invulnérab­les et ont envie de vivre. Les vieux, parce qu’ils n’ont plus le sentiment de l’être de nos jours avant un âge très avancé, brûlent eux aussi de braver les interdits. C’est ainsi que, de fil en aiguille, le confinemen­t détricote sa pelote, qui n’a rien d’un corset. Si l’État n’était si démonétisé, ça filerait sans doute un peu plus droit. Il ne faut pas souhaiter qu’il se raidisse et il n’en a d’ailleurs pas la force. Mais peut-être pourrions-nous – je dis ça, en vérité, comme je pisserais dans un violon – y mettre davantage du nôtre pour que ce confinemen­t finisse au plus vite.

Pour avoir les épaules larges, le pouvoir ne peut endosser tous nos maux. Chacun y a sa part de responsabi­lité. Là réside le principe même d’une société démocratiq­ue.

« Nous sommes peu nombreux à respecter le confinemen­t à la lettre. »

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