Monaco-Matin

« Marre de se faire plumer » : des artisans se mettent à nu

Initié dans la région par une photograph­e du Pays de Fayence, le mouvement prend de l’ampleur. Prochaine étape un calendrier façon Dieux du stade pour les aider à faire face aux échéances

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Tous ont en commun de ne pas comprendre pourquoi ils sont obligés de fermer alors qu’ils pratiquent leur métier en « respectant scrupuleus­ement les règles sanitaires en vigueur ». Tous partagent également un joli sens de la mise en scène et un humour très « nature » devant l’objectif ! Et voici comment dans un même mouvement, des artisans et commerçant­s catalogués « non-essentiels », s’effeuillen­t et postent leurs photos sur les réseaux sociaux pour dénoncer « une gestion de la crise sanitaire qui met en péril » leur activité.

Tous dans le même bateau

Dans le Var et les Alpes-Maritimes, la photograph­e Lucile Hamiot a lancé la fronde au « carré blanc », captant artistique­ment hommes et femmes dénudés dans leur environnem­ent profession­nel.

« Là, je vais lancer un projet avec les boulangers ! À la base c’était une action initiée par le Studio Arnography en Picardie qui ne concernait que notre profession. Et puis très rapidement ça a pris de l’ampleur, d’autres corporatio­ns se sont photograph­iées et ont envoyé ça sur le Net », explique la jeune femme dont le studio basé à Montauroux rayonne aussi sur la Côte d’Azur.

Opération réussie, le but étant que « le plus grand nombre se reconnaiss­e dans ce mouvement, car nous sommes tous dans le même

Les coiffeurs aussi ont été rapides à se mobiliser. Comme Christelle, à la tête de Chris Univ’hair à Montauroux. « Après le discours du Président, j’ai vu sur nos réseaux, que ça commençait à bouger. Au Havre, le gérant de The Torture Garden a posé nu dans son salon avec un sèche-cheveux en guise de revolver sous le menton pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur notre situation. J’ai voulu suivre et c’est comme ça que j’ai contacté Lucile. J’ai posé ce mardi ! Une réaction en chaîne est en train de se produire dans le métier car nous ne comprenons pas… Nous avons beaucoup investi, réorganise­r le travail, observer un protocole très strict et on nous ferme ! », se désole-t-elle avant de prodiguer une formation par visioconfé­rence.

La cause avant tout

bateau », souligne Lucile. De son côté l’activité est à l’arrêt total après quelques atermoieme­nts… « Au début du confinemen­t, je pouvais « C’est la dernière petite source de revenus qu’il me reste… », indique la coiffeuse qui a fait le buzz avec son corps « tigré » constellé de tatouages. « Depuis la publicatio­n de la photo sur les réseaux, j’ai des demandes diverses et variées pour poser. Si j’ai fait cela, c’est pour défendre une cause, pas pour m’exhiber. Je suis déçue que certains n’aient pas compris… », termine Christelle qui escompte au moins ouvrir au er décembre. « Sinon, ce sera la cata », souffle-t-elle. travailler au domicile des clients. Ensuite on nous a dit, que c’était uniquement possible dans un home studio, pour ceux qui en avaient un, ce qui est mon cas… Et puis au final, tout a été interdit. Un coup de massue insupporta­ble ! », décrit-elle alors que sa soixantain­e de séances en prévision de Noël, préparées depuis deux mois et réservées par les familles, est en train de fondre…

Victime collatéral­e

Proche de Lucile, Julien Veinard, élagueur à Tourrettes, a décidé lui aussi de prendre la pose par solidarité. « Nous avons du travail mais ma clientèle c’est une chaîne. Si demain les petits commerces mettent la clé sous la porte, au final j’en pâtirai aussi. Déjà les demandes de devis baissent et si j’ai une trésorerie, elle n’est pas faite pour supporter le confinemen­t… », plaide Julien qui sera du prochain projet de son amie.

« Je veux à présent me consacrer à un calendrier façon Dieux du Stade en faisant poser douze représenta­nts de différents corps de métier. Les bénéfices iront justement à tous ceux qui ne peuvent plus faire face à leurs échéances, charges, loyers, etc. », promet Lucile, boîtier tatoué à l’avant-bras, dans un dernier flash de déterminat­ion.

« Pour défendre une cause, pas pour s’exhiber »

 ??  ?? Lucile Hamiot s’est mise en scène pour protester face à ce qu’elle considère comme une interdicti­on arbitraire de son activité exercée entre le Var et les Alpes-Maritimes. (Photos L. Hamiot - Studio Photograph­ies By Lu)
Lucile Hamiot s’est mise en scène pour protester face à ce qu’elle considère comme une interdicti­on arbitraire de son activité exercée entre le Var et les Alpes-Maritimes. (Photos L. Hamiot - Studio Photograph­ies By Lu)
 ??  ?? Julien, élagueur de l’entreprise Veinard et fils à Tourrettes, actif ces jours-ci, mais solidaire.
Julien, élagueur de l’entreprise Veinard et fils à Tourrettes, actif ces jours-ci, mais solidaire.
 ??  ?? Christelle, coiffeuse, gérante de Chris Univ’hair à Montauroux.
Christelle, coiffeuse, gérante de Chris Univ’hair à Montauroux.

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