Monaco-Matin

Nice : les obsèques de Nadine, après « une vie d’amour »

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

« Àla fin, toujours, face à la barbarie, c’est l’amour qui gagne »... L’amour. Un mot si « éclatant » pour elle. Elle en avait encore tant à recevoir de sa famille, de ses amis. Et surtout de Joffrey, celui a qui elle avait lié son destin pour le meilleur, il y a 26 ans. Et elle en avait tant à donner encore. Nadine, « une vie d’amour » .... Mais le terroriste de NotreDame en a décidé autrement.

Les obsèques de Nadine Devillers, 60 ans, se sont tenues, hier, dans la plus stricte intimité en la basilique Notre-Dame inondée de fleurs blanches, là même où elle est tombée sous les coups du barbare. C’était il y a quinze jours, Nadine, Vincent et Simone étaient assassinés au nom du mal contre le bien.

« Cette petite fille deans»

Devant le portrait si souriant de Nadine, Béatrice et Alain, les amis du théâtre – « sa passion, son oxygène » – ont rappelé l’attention que cette femme hypersensi­ble et que la vie n’avait pas épargné, portait inlassable­ment aux autres. Tous les autres. « Comment allons nous vivre, maintenant sans ton sourire ? », lancentils. Avant de lui promettre : « On veillera sur Joffrey ». C’est Martine, ensuite, qui se fait la voix des copains d’enfance, Joëlle et Damien, trop loin pour être là physiqueme­nt, mais si proches par le coeur. « Tu n’étais qu’amour, pour toi c’était la seule nourriture terrestre qui valait la peine ». Et de souffler : « Tes éclats de rire n’ont jamais cessé d’être ceux d’une petite fille de cinq ans débordante d’amour ».

Le député Éric Ciotti, grave, insiste : « On se retrouve dans le même lieu, où par un terrifiant hasard de la vie, Nadine a rencontré le chemin de ce barbare qui était si différent d’elle. Nadine qui transmetta­it, malgré les épreuves, du bonheur à tous. Nadine qui savait rapprocher les uns des autres ». « Nadine, d’une grandeur d’âme exceptionn­elle » ,a, pour sa part, salué Christian Estrosi. Qui a choisi de lui lire une lettre d’amour, d’amours, « au risque de paraître audacieux ».

Regard triste et tendre vers l’époux : « J’ai eu besoin de trouver de la force dans l’épreuve et vous êtes de ceux qui m’en avaient donné le plus, Joffrey, quelle dignité ».

« Des choses qui nous dépassent »

Puis, le père Franklin Parmentier, s’est interrogé, posé : « Rien ne pourra expliquer ce qui s’est passé ce jour-là. Ni dans le coeur de cet homme qui a commis cet acte. Ni dans le coeur de chacun, nous ne l’avons pas tous vécu de la même manière. Il y a des choses qui nous dépassent, des mystères ». Homme de foi plein d’espoir, il lâche : « Dieu a créé l’homme pour qu’il vive. Ce qui nous rend semblable à Dieu, c’est la capacité à aimer. Rien ne pourra nous enlever notre manière d’aimer, notre manière de grandir ensemble en humanité », avant que le cercueil gris et blanc de Nadine ne soit porté vers l’extérieur sur l’Adagio d’Albinoni. Enfin, sur le parvis de la basilique, au son de l’Alléluia de Jeff Buckley, Joffrey, l’amour d’une vie a ouvert une cage, laissant s’envoler une colombe de la paix. Symbolique­ment, l’oiseau blanc s’est posé sur la voiture qui attendait Nadine pour son dernier voyage.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? La messe s’est déroulée en la Basilique Notre-Dame, où Nadine, Simone et Vincent ont été assassinés. Une cérémonie poignante, quinze jours après l’attentat.
(Photo Cyril Dodergny) La messe s’est déroulée en la Basilique Notre-Dame, où Nadine, Simone et Vincent ont été assassinés. Une cérémonie poignante, quinze jours après l’attentat.

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