Var-matin : d’anciens noms reprennent la plume
Quand d’anciens journalistes de Var-matin se racontent, cela donne un livre d’anecdotes et de souvenirs à partager à l’envi. Mémoires d’Outre-Var éditées par les Presses du Midi, vous permet de revivre quelques épisodes de l’histoire d’un titre inscrit da
Noircir les pages d’un livre d’anecdotes sur le métier. Raconter son journal de l’intérieur : c’est l’idée à laquelle ont donné suite d’anciens journalistes de Varmatin, autrefois République. Voilà plusieurs années qu’ils se retrouvent, régulièrement, autour d’un déjeuner. Ces moments de vie de retraités de notre titre, initiés par LEA. À Toulon, personne n’a oublié ces trois lettres. Laurence Edwige Andréani, « Corse des montagnes » écrit-elle, partie du journal et de Toulon en 2008.
‘‘ Mais toujours prompte à revenir y passer quelques moments de vie. Ses séjours tous les deux-trois mois sur les bords de la rade sont aussi l’occasion pour elle de revoir ses amis du journal, comme on dit. Il y a là Nicole Fau et son mari, Yves Bellorgey, Daniel Alfandari, François Kibler, le fait-diversier Jean-Pierre Bonicco, les photographes Stéphane Doussot et André Dupeyroux, entre autres… Ensemble, ils refont l’histoire de leur journal. Déroulent quelques tranches de vie professionnelle mémorables, à l’époque où la presse écrite était une référence dans la cité, où les écrits avaient valeur de vérité vérifiée. Et assumée.
La flamme ranimée
C’était le temps où les machines à écrire crépitaient dans les salles de rédaction, où l’offset faisait ses débuts sur les rotatives d’Ollioules, où les réseaux sociaux d’alors livraient leurs plus beaux posts au comptoir du bar, derrière un petit noir. L’apogée de la presse quotidienne régionale (PQR) dans les années soixante-dix, ces années au cours desquelles les signatures conféraient un degré de solennité à l’exercice.
Les anciens rient à foison… Et prennent rendez-vous.
En décembre 2019, leurs retrouvailles ont le goût amer de l’absence. Pour saluer la mémoire d’Yves Bellorgey, de Daniel Cuxac, partis trop tôt, ils piochent à nouveau dans leurs souvenirs et anecdotes. Et puis, Nicole Fau-Bellorgey lance :
« Et pourquoi on n’en écrirait pas un livre ? » Tous saisissent l’idée au vol. La bande d’amis complète les folios avec Claude Bègue, ancien chef d’agence de Draguignan, Bernard Oustrières, grand reporter… « Souvent, se souvient encore Nicole Fau, on croisait place de la Liberté, à quelques tables de la nôtre, Patrick Lorenzini ou José Lenzini », autres grandes plumes passées de Var-matin.
Très vite, la flamme de l’écriture est ranimée. Comme si les doigts n’avaient jamais abandonné le clavier, celui de la machine à écrire puis de l’ordinateur, ils laissent les mots reprendre leurs droits, traversant les époques dans cette grande maison. Ces quelques belles signatures parcourent les archives jusqu’à la fusion, en 1998, avec le rival d’alors, Nice-Matin.
Au fil des pages, ce sont tant de secrets d’impression qui volent de ligne en ligne : l’attentat contre Edouard Soldani à Draguignan en 1984, sous la plume de Claude Bègue, le mariage d’Yves Mourousi à Nîmes ou l’interview du chancelier allemand Willy Brandt, dans un train entre Marseille et Toulon, racontés par François Kibler… Des moments dramatiques aussi, dans la carrière d’hommes et de femmes animés par leur passion du métier mais « pas indifférents », comme l’écrit dignement Nicole Fau.
Des textes comme autant de leçons de journalisme, d’audace et de professionnalisme, de déontologie, des instants de vie à donner des complexes aux plus vaillants des jeunes détenteurs de cartes de presse en PQR. Avec, en filigrane, le rappel que «laliberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ».
La liberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ”