Bridgestone à Béthune c’est terminé
Le fabricant de pneus dit être à la recherche d’un repreneur et assure « avoir identifié au moins quatre projets sérieux ». Quid du maintien des 863 emplois ?
Fin de partie pour le maintien de l'usine de Bridgestone à Béthune : le géant japonais du pneumatique a confirmé hier la fermeture du site, laissant 863 employés sur le carreau. L'heure est désormais à la recherche de repreneurs.
« Nous serons là au côté des salariés pour trouver les meilleures solutions » , a assuré la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher. L’usine aurait dû fêter ses soixante ans d’existence en 2021.
Depuis l’annonce de la fermeture du site le 16 septembre dernier, un espoir, minime, subsistait. Mais hier, en cinq minutes, le géant du pneu japonais a tout balayé d’un revers de main. Quelques heures après cette annonce, le manufacturier a immédiatement assuré, via un communiqué, avoir identifié « Dix opportunités dont quatre projets déjà bien définis » dans la recherche d'un repreneur, se disant prêt à « céder le cas échéant le site à un concurrent ».
« Option pas réaliste »
Pour tenter de sauver l'unité, le gouvernement avait proposé un plan prévoyant une continuation de l'activité avec le maintien, selon l'intersyndicale, de «525à555 emplois » sur les 863. Il s'était dit prêt à prendre sa part à l'investissement d'une centaine de millions d'euros nécessaire au projet. Celui-ci visait à équiper l'usine afin d'y produire, à l'horizon 2025, 1,3 million de pneus par an, de qualité supérieure à ceux de petit calibre actuellement manufacturés à Béthune.
Mais après « avoir attentivement étudié cette option », Bridgestone ne la juge pas « réaliste » ,car « elle ne règle pas (son) problème de surcapacité » en Europe, a confirmé hier le groupe.
« Nous allons travailler sur des scénarios de reprise » ,a relevé la ministre. Et d'évoquer parmi les pistes un « écosystème en train de se mettre en place » dans la région avec un « site de batteries électriques qui va ouvrir et qui va recruter 2 400 personnes ».
« Le bras de fer continue »
Le président (ex-LR) du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a également refusé de s'avouer vaincu. « Il y a un projet sur des pneus. Bridgestone nous dit “on est même prêt à ce qu'un concurrent vienne s'installer à notre place”. Dont acte », a-t-il affirmé. «Lebras de fer continue" par ailleurs avec Bridgestone, "pour qu'ils mettent le maximum sur le plan social », a-t-il ajouté. Devant l’usine, Aurélien Blanquart, assembleur depuis dix-sept ans, dit son amertume : « C’est une très grande deuxième claque. À mon avis, ce soir, des personnes vont avoir du mal à dormir ».
Bridgestone ferme « après avoir touché des aides de l’État et investi en Pologne et Hongrie avec celles de l’UE ! Les discours de #Macron sur la souveraineté industrielle, c’est du flan ! On arrête quand l’hémorragie ? Bridgestone doit rembourser ! », s’est aussi exclamé sur Twitter le député La France Insoumise du Nord Adrien Quatennens. « L'heure est pour nous au combat sur les mesures sociales, on va essayer d'aller chercher le maximum pour chacun des salariés », a réagi en écho l'avocat de l'intersyndicale, Me Stéphane Ducrocq.
Ces quatre projets sont cependant « flous et lointains, et préservant peu d’emplois » a-t-il ajouté.