Rôdeur(s), kidnappings… la rumeur enfle à Menton
Depuis une dizaine de jours, plusieurs collégiens affirment avoir vu, voire été abordés, par un ou des individus suspects à la sortie des cours. Les parents sont inquiets. Une enquête est en cours
Un ou plusieurs individus, en camionnette, à deuxroues ou à pied, tenteraient d’enlever des adolescents aux abords de leurs établissements scolaires à Menton. Depuis début novembre, la rumeur enfle sur les réseaux sociaux. Alors rumeur ou risque avéré ? Une enquête est en cours au commissariat de Menton.
■ Ce qu’il s’est passé
Tout débute le 3 novembre dernier. Une jeune fille de 14 ans, scolarisée au collège Vento, est abordée à la sortie des cours par un homme qui lui propose une cigarette. Selon le témoignage qu’elle a livré à la police, l’individu se serait montré insistant dans le but, notamment, de connaître son lieu de résidence, allant jusqu’à lui proposer d’aller fumer une cigarette avec sa fille.
Apeurée, l’adolescente a alors eu le réflexe de chercher de l’aide auprès d’une passante, faisant fuir l’homme en question, avant de faire une déposition au commissariat de Menton.
Très vite, la nouvelle se répand sur les réseaux sociaux et notamment sur une page Facebook intitulée « Le Monocle », créée le jour même. La page – qui se présente comme « un exutoire à la pensée libre et variée » – poste dans l’après-midi des faits, un « avis de recherche » pour un « prédateur sexuel activement recherché à Menton ». Un profil détaillé accompagne le message : « homme d’1m80 / 1m85, yeux verts, corpulence moyenne, type européen, cheveux châtains avec une calvitie et âgé d’une quarantaine d’années ». Le message, toujours en ligne, a été partagé plus de 750 fois par des parents inquiets.
Dès le lendemain, le témoignage d’un jeune garçon du collège Vento vient s’ajouter au dossier. L’adolescent raconte qu’un homme, au volant d’une camionnette dont il n’a pas pu voir l’immatriculation, l’a regardé avec insistance avant de le suivre, à distance, quelques instants. Dans les jours qui suivent, les signalements se multiplient et les témoignages divergent, notamment sur le mode opératoire de l’individu, qui n’agirait pas seul. Les messages sur les réseaux sociaux font désormais état de trois hommes, dont un brun et un blond. Certains affirment alors qu’un individu aurait été interpellé par la police puis relâché. Jusqu’à ces derniers jours, où l’affaire prend un autre tournant. Une vidéo qui montrerait un homme se cachant derrière un arbre pour espionner les élèves devant le collège Maurois, est publiée sur Instagram. « L’homme a pris la fuite en voyant qu’il était filmé », peut-on lire dans un texte qui accompagne la vidéo.
Les réseaux sociaux s’enflamment. Des captures d’écrans du visage du « suspect » sont publiées sur Facebook et partagées des centaines de fois.
Le principal d’un établissement de Roquebrune s’en mêle. Dans un message adressé aux parents et qui a fuité sur Facebook, il signale « la présence de deux individus malveillants aux abords des écoles et collèges voisins » qui ont fait « plusieurs tentatives de kidnapping sur de jeunes garçons ». Faisant grimper encore plus la crainte et la panique chez les parents. Il s’agissait en fait d’une grandmère, venue surveiller sa petitefille à la sortie des cours (voir cidessous)
■ Ce que dit la police
Alors que se passe-t-il vraiment à Menton ? Où en est l’enquête ? La police a-t-elle arrêté puis relâché un homme qui correspondrait au profil ? Y a-t-il un ou plusieurs suspects ?
Le commissariat de Menton affirme prendre l’affaire particulièrement au sérieux. « Étant donné la répétition des faits, nous avons ouvert une enquête », affirme le commandant Michel Tourscher, précisant que le procureur de la République de Nice a été informé du dossier.
« Les enfants ont été entendus. La vidéosurveillance de la ville a été étudiée. » D’après les éléments recueillis à ce stade de l’enquête, « aucun fait délictueux, aucune tentative de kidnapping » ne sont avérés.
Pour l’heure, « aucune preuve, aucune base solide » n’a permis d’interpeller un suspect, dément le commissaire Abdel Bouzelmat. Les forces de l’ordre n’en restent pas moins vigilantes. « Les signalements ont été diffusés auprès de nos équipages sur le terrain », qui portent déjà une attention particulière aux établissements scolaires dans le cadre de l’alerte urgence attentat du plan Vigipirate.