Monaco-Matin

Terrorisme : les gendarmes réserviste­s en renfort

Après les attentats de Conflans et Nice, la gendarmeri­e mobilise sa réserve pour sécuriser, en priorité, lieux de culte et d’enseigneme­nt. Reportage à Antibes avec une patrouille Vigipirate

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Je les remercie d’être là. Je suis un ancien militaire, je sais me défendre. Mais quand ils ont tué mon copain à Nice, il y a eu l’effroi… » Augusto, 74 ans, discute avec plaisir avec les hommes en bleu. Le sacristain de l’église du SacréCoeur, à Antibes, salue la présence d’une patrouille de gendarmes pour la célébratio­n d’un office, hier matin. Quinze jours après l’attentat de la basilique Notre-Dame à Nice, la menace terroriste reste bien présente dans toutes les têtes. Surtout un 13 novembre. Hasard du calendrier, c’est à la date anniversai­re des attentats de Paris que nous rencontron­s trois gendarmes au statut particulie­r. Trois réserviste­s. Ils forment l’un des détachemen­ts de surveillan­ce et d’interventi­on Vigipirate (DSIV) déployés à travers la France depuis les attaques islamistes de ConflansSa­inte-Honorine et Nice.

Leur mission ? Dissuader, sécuriser, rassurer. Leurs priorités ? Les lieux de culte et les établissem­ents scolaires, logiquemen­t.

« On a été très durement touchés par les attentats », explique Fred, gendarme de 43 ans. Cet ancien militaire travaille dans la sécurité privée. Il a rejoint la réserve de la gendarmeri­e après les attentats de 2016. On parlait de Nice, déjà.

« Servir, un honneur »

Fred est mu par « l’envie de servir. On est là pour la population, et on vient renforcer nos camarades d’active. » Un camarade du même âge que lui, de faction un peu plus loin, tient à rester discret sur son identité. Mais pas sur sa « conviction » d’ancien militaire. « Servir la France, c’est un honneur ! »

Pour la servir, ils sont équipés de l’uniforme réglementa­ire. De l’armement incluant un pistolet. D’un gilet pare-balles. Et du masque chirurgica­l de rigueur.

Seuls 30 % des réserviste­s sont d’anciens gendarmes ou militaires. Les 70 % autres sont issus de la société civile, dotés d’un casier judiciaire vierge, d’un dossier sans faille et d’une formation de quinze jours, précise le lieutenant-colonel Pascal Massa. « Les réserviste­s sont vraiment un appui des forces d’active », explique cet officier adjoint au commandeme­nt du groupement des Alpes-Maritimes, conseiller réserve d’active du colonel Boualam. « On est en phase urgence attentat, tant en zone police qu’en zone gendarmeri­e », rappelle le lieutenant­colonel Massa. à ce titre, dix réserviste­s tournent entre Antibes-Juanles-Pins et Vallauris-Golfe-Juan. D’autres veillent au grain à Nice, Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-surmer. Ces temps-ci, la gendarmeri­e de A.-M. mobilise entre 80 et 100 réserviste­s au quotidien… en incluant les missions liées à la tempête Alex et au reconfinem­ent.

À la demande des parents

Dans ce contexte inédit, protéger ses concitoyen­s « a une valeur particuliè­re », reconnaît le capitaine

Marc. C’est lui qui pilote le dispositif DSIV à Antibes. À 62 ans, ce gendarme à la retraite compte déjà une décennie comme réserviste. Parce qu’il a voulu « poursuivre ses missions de sécurisati­on, garder le contact avec la population. Quand on a ça dans le sang… »

Présent aux portes d’une église, donc. À la grande satisfacti­on de François, 83 ans, fidèle du SacréCoeur. « Je suis heureux de leur présence. Et fier. C’est l’un des seuls pays où ils vous protègent ainsi. » Présent aux entrées et sorties de classe, aussi. Hier midi, la patrouille poursuit sa mission devant l’écolecollè­ge-lycée du Mont Saint-Jean. « Ah, c’est la gendarmeri­e ? On est rassurés », sourit Alain Lezcouach. Ce conseiller principal d’éducation est venu s’enquérir de la présence d’une voiture banalisée. « Beaucoup de parents se sont inquiétés avant la rentrée, confie-t-il. On est une cible. Comme tous les établissem­ents, on a demandé une présence renforcée. Ce matin, l’armée était là à 11 h. Ça dissuade. »

Eve, grand-mère de 60 ans, a tenu à remercier les trois réserviste­s. « On est contents d’avoir ces gendarmes. Mon fils l’avait demandé. C’est malheureus­ement normal qu’ils soient là… Même si c’est un « normal » dont on se passerait bien. »

 ?? (Photos C. Cirone) ?? Hier matin, trois réserviste­s veillent sur les abords de l’église du Sacré-Coeur, puis du collège du Mont Saint-Jean.
(Photos C. Cirone) Hier matin, trois réserviste­s veillent sur les abords de l’église du Sacré-Coeur, puis du collège du Mont Saint-Jean.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco