Restaurateurs à Nice : « On ne peut pas continuer à faire le yoyo »
« C’est n’importe quoi, fulmine Fred Ghintran, co-gérant du Félix-Faure, au lendemain des annonces du gouvernement. On nous laisse une fois de plus devant le fait accompli, sans nous dire quand, ni dans quelles conditions on va rouvrir. On ne peut pas continuer à faire le yoyo. » Et d’ajouter : « On ne peut pas ouvrir un restaurant en deux minutes. Il faut jongler avec l’activité partielle pour organiser nos équipes. »
Le vice-président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie le martèle : « Il faut que l’État annule les charges sociales et l’impôt sur les sociétés. C’est le seul moyen de nous indemniser à la hauteur de ce qu’on perd. »
« On a été stigmatisés »
Armand Crespo est plus mesuré. «Jene vis pas mal cette décision, assure le patron du Bistrot d’Antoine, dans le Vieux Nice. Si c’est une nécessité, il faut le faire. Je regrette juste qu’on ait été stigmatisés. Pour moi, un restaurant est un commerce de première nécessité. »
Le chef en possède plusieurs à Nice, tous fermés. Mais lui et ses 45 employés s’y étaient préparés. « On a les reins solides. Après le premier confinement, je me suis projeté. J’ai mis de côté pour tenir jusqu’au printemps prochain, sans licencier. Je pense que d’ici là, on ne sera plus menacés de fermer avec le vaccin contre le coronavirus. »
Au Plume café,
Tous n’ont pas les moyens de se sauver. Il le sait. « Il y a des gens qui vont rester sur le carreau. La troisième vague, ce sera celle-là. Il va falloir que l’État aide les entreprises qui ont déposé le bilan à se réinstaller, pour redémarrer leur activité. » Plus petit et plus jeune, le Plume café tente tant bien que mal de survivre à la crise. « Les décisions gouvernementales nous portent préjudice, avoue son directeur, Matthieu Pettiti. Mais on essaye de voir les choses de manières positives. » Et de s’adapter. Ce petit restaurant installé en face de l’hôpital Lenval propose depuis trois semaines des plats à emporter à sa clientèle. Ils sont confectionnés par deux chefs, passées par les cuisines étoilées : Prune Llorca, la fille du célèbre chef, et son amie, Gabrielle Modica.
« On le faisait avant, mais avec le confinement, c’est monté en puissance. On a appliqué des prix modérés pour la même qualité et lancé un service traiteur. Mais le confinement est un coup dur. Notre chiffre d’affaires a été divisé par deux. »