Monaco-Matin

Roya : réouvertur­e de la ligne SNCF le  janvier

Conscient que la liaison est vitale, Karim Touati, directeur territoria­l de SNCF Réseau en Paca, explique comment la société a réussi à gagner un mois sur le calendrier

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Confirmant une informatio­n révélée par Nice-Matin, hier, SNCF Réseau annonce que la ligne Nice-Cuneo, notamment coupée entre Saint-Dalmas-deTende et Tende, après le passage de la tempête Alex, devrait rouvrir le 18 janvier, soit un mois avant la date initialeme­nt prévu (si les conditions climatique­s et sanitaires sont toutefois réunies).

Pourquoi, six semaines après la tempête, la ligne n’est toujours pas rétablie ?

La ligne est partiellem­ent rétablie (entre Breil-sur-Roya depuis le  octobre, et jusqu’à SaintDalma­s-de-Tende depuis le ). Il s’agit d’une voie unique pour permettre aux habitants de se déplacer. Elle sert aussi aux transports de denrées alimentair­es et de matériaux, groupes électrogèn­es, canalisati­ons, engins de chantiers, indispensa­bles aux sociétés pour rétablir l’électricit­é et l’eau potable. Il faut concilier tous ces besoins.

En quoi consistent les travaux ?

Le viaduc « des trois arches » de Fontan (premier ouvrage qu’on rencontre après le quai provisoire de Saint-Dalmas) a tenu, mais ses fondations, fortement dégradées, sont à consolider. En amont du tunnel de Biogna, à Saint-Dalmasde-Tende, des travaux de remblaieme­nt de la voie, dont une partie est aujourd’hui dans le vide, sont en cours. Des travaux de réparation de voie dans le tunnel et la gare de Saint-Dalmas, noyés sous les alluvions, également. De gros travaux de stabilisat­ion sont en cours au « mur à arcatures » de Fontan, grand ouvrage d’art situé  km avant la gare de Saint-Dalmas-de Tende, à mi-chemin entre Fontan et Saint-Dalmas. Le train y passe, mais roule au pas car l’ouvrage bouge.

En quoi ces travaux représente­nt un défi technique ?

La ligne de chemin de fer a été conçue au XIXe siècle et compte un certain nombre d’ouvrages exceptionn­els, construits à flanc de montagne. Pour réaliser ces chantiers, on a fait appel à des technicien­s, des ouvriers, des compagnons hautement qualifiés, qui travaillen­t dans des conditions de haute montagne, à  mètres de haut, en rappel le long de la paroi. Ils y effectuent des opérations de carottage, de forage au droit de la paroi pour y insérer des clous en béton armé de  mètres de long. Ces travaux nécessiten­t beaucoup de matériaux acheminés par la France au sud et par l’Italie au nord [outre des milliers de litres de gasoil et de m d’eau pour faire fonctionne­r les engins de chantier].

Pourquoi n’entend-on pas de bruit ?

Il a fallu passer par une phase de diagnostic, d’expertise, d’études avant de réaliser ces travaux de réparation­s. Tout cela est nécessaire et sans bruit. Sur les ouvrages est opéré un travail de très grande précision. Ça fait moins de bruit mais ça avance. Il y aura une phase où il y aura plus d’engins. Une partie des travaux est aussi effectuée la nuit [pour ne pas gêner la circulatio­n des trains notamment].

Peut-on aller plus vite ?

Actuelleme­nt une cinquantai­ne de personnes travaillen­t sur ces chantiers. Des renforts vont arriver d’Occitanie, mais doivent être formés. Parce qu’il s’agit de travaux de très grande précision, un grand nombre d’ouvriers ne peut travailler en même temps sur le même ouvrage, pour ne pas se marcher sur les pieds. Enfin, pour travailler sur cette ligne internatio­nale, exploitée en collaborat­ion avec l’Italie, et régie par une réglementa­tion unique, les travailleu­rs doivent être habilités.

Que souhaitez-vous dire aux habitants de la Roya qui se sentent aujourd’hui oubliés ?

Nous avons conscience que cette ligne est vitale pour les habitants et notre objectif a toujours été de rétablir le plus vite possible la liaison ferroviair­e. On se prépare à gagner un mois sur le calendrier, c’est signe de notre engagement. Cela est possible grâce au concours de l’Etat, de la Région, du Départemen­t, des élus locaux. Il existe une grande solidarité.

 ??  ?? Initialeme­nt fixée à la mi-février, la ligne Nice-Cuneo pourrait rouvrir dans son intégralit­é d’ici deux mois. (Photo J.-F. Ottonello)
Initialeme­nt fixée à la mi-février, la ligne Nice-Cuneo pourrait rouvrir dans son intégralit­é d’ici deux mois. (Photo J.-F. Ottonello)

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