Monaco-Matin

Meurtre de Margaux : « Un crime de possession »

Margaux Mari avait été tuée devant ses enfants à La Trinité. Son compagnon a été condamné à trente ans de réclusion dont deux tiers de sûreté. Il a été déchu de son autorité parentale

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Mohamed Hmaad, un chauffeur de bus de 32 ans, n’a pas seulement ôté la vie à Margaux Mari sa compagne. Il a ôté une fille à ses parents, une soeur à son frère, une nièce à sa tante, une mère à ses deux enfants. » Hier matin, l’avocate générale Delphine Dumas demande contre l’accusé une peine de trente ans de réclusion criminelle dont deux tiers de peine de sûreté et la déchéance de l’autorité parentale. La peine maximale prévue pour un meurtre sur conjoint, rappelle-t-elle, étant la réclusion criminelle à perpétuité. La cour et les jurés, à l’issue de quatre jours de débats denses et bouleversa­nts, suivront à la lettre les réquisitio­ns.

Dans son implacable réquisitoi­re, la magistrate insiste sur « la déterminat­ion », de l’accusé, un chauffeur de bus qui a commis l’irréparabl­e le 2 juin 2017 à La Trinité en présence des enfants du couple alors âgés de 5 et 6 ans.

Il a étranglé Margaux à deux reprises puis a noué un sac-poubelle sur sa tête. Il a ensuite attaché le cordon au pied du lit conjugal. Ce montage compliqué composé d’un fil de chargeur et d’une lanière de sac à main colle mal avec un coup de folie, un orage passionnel.

« C’était pour abréger ses souffrance­s, pour ne plus entendre ses râles », s’est justifié l’accusé. La magistrate ne croit pas à une folie criminelle passionnel­le. Le drame était en germe alors que Mohamed Hmaad insultait, humiliait, menaçait, trompait, abandonnai­t Margaux depuis des années. «Une fois le crime commis, il prend le téléphone, il ferme la porte, emmène ses enfants chez sa mère et fuit en Tunisie », rappelle la magistrate de l’accusation.

« Un homme mal construit »

Dans ce procès où les proches de Margaux Mari ont forcé l’admiration tant par leur dignité que par leur retenue, la tâche de la défense paraît insurmonta­ble. Me Adrien Verrier et Me Marie Seguin tentent de redonner une part d’humanité à un accusé que tout accable.

Me Verrier parle « d’un homme qui s’est mal construit depuis l’enfance ». « D’un homme qui a lancé des appels pour se soigner, conscient de l’existence d’un démon intérieur, violent avec Margaux, violent avec lui-même. » Ne s’est-il pas mutilé lors d’une énième dispute ?

Me Marie Seguin s’appuie sur certains experts psychologu­e et psychiatre pour expliquer ce déchaîneme­nt de violences après la soirée d’anniversai­re de Margaux : « Dans ce genre de crime, qui n’est pas un crime de sang-froid, il y a des tunnels, des trous noirs parce que Mohamed se cache à lui-même ce qu’il vient de commettre. »

La pénaliste s’élève contre ses confrères de la partie civile qui ont parlé « de crime de possession », « de crime de punition ». « Il n’y aurait pas d’amour dans ce dossier. Mais c’est nier que Margaux a choisi Mohamed, nié leurs deux enfants désirés, tous deux nés parce qu’il y avait de l’amour. »

Me Seguin reprend les termes d’un expert psychologu­e qui, lundi, a parlé de « crime passionnel, pulsionnel. » Thèse que jeudi soir, les avocats des parties civiles (lire par ailleurs) ont battu en brèche. « Je sais que vous ne me pardonnere­z pas, mais je vous demande pardon. Je suis le seul responsabl­e », a déclaré l’accusé, avant que la cour et les jurés ne partent délibérer.

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Les avocats de Mohamed Hmaad, Me Adrien Verrier et Me Marie Seguin. (Photos Ch. P.)
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