L’audition filmée des enfants présentée aux jurés
« Papa a étranglé maman ». Alissa (), ans, résume en une phrase la tragédie familiale qu’elle a vécue dans la nuit.
« C’était l’anniversaire de maman », précise l’enfant, ce soirlà.
Son petit frère est venu la réveiller en pleurs. « Papa était énervé », ajoute-t-elle. L’adorable petite fille, dans son élégante robe bleu d’été, assise à un bureau d’enfant de la gendarmerie, baille, s’étire, s’impatiente.
L’audition filmée d’Alissa est présentée dans son intégralité aux jurés. Dans le box, l’accusé évite de regarder l’écran.
Hors champ, la gendarme (en tenue de ville), prévenante, continue de poser ses questions. Un psychologue est là en observateur.
Jambes ballantes, tête posée sur ses bras, la petite a visiblement besoin de sommeil mais l’enquête criminelle n’attend pas.
« Ton frère a vu comme toi ? », questionne l’enquêtrice. «Jene sais pas. » « Encore un petit peu de concentration », demande la gendarme. L’enfant va chercher deux poupées et revient s’asseoir au bureau.
Nouvelle question : « Qu’est ce qui se passe quand on étrangle quelqu’un ? »
« Mourir », répond l’enfant. En , où féminicides ont été dénombrés, enfants ont été témoins du meurtre de leur mère.
Aujourd’hui Allissa et Ilyes ont et ans.
« Le préjudice est incommensurable et inquantifiable »
« Un enfant de cet âge comprend petit à petit la dimension irréversible de la mort. La perte de sa mère, principale figure d’attachement, constitue un vide affectif qui est compensé mais jamais remplacé, sans parler de l’absence de leur père », souligne un expert psychologue. Terreur nocturne, eczéma sont les principales manifestations actuelles du traumatisme qu’ont subi ces deux enfants. « Le préjudice est incommensurable et inquantifiable », rappelle l’expert. Impossible néanmoins de connaître les conséquences à long terme.