Monaco-Matin

Pierre Tré-Hardy multitâche­s

Si d’habitude il écrit pour le théâtre, son nouveau roman Sanction est une histoire aussi passionnan­te que haletante. Cet Azuréen, qui a vécu une partie de son adolescenc­e chez Jacques Brel en Polynésie, parle aussi de ses projets de théâtre et de l’adapt

- PROPOS RECUEILLIS PAR RAFAËL PERROT Pierre Tré-Hardy. Éditions Souffles Littéraire­s. 276 pages. 18 euros.

Attention, choc littéraire ! C’est le sentiment éprouvé à l’entame des premières lignes comme lorsqu’on referme Sanction, le roman signé Pierre Tré-Hardy qui se lit comme on regarde une série sur Netflix. Dans ce thriller haletant, le lecteur est embarqué dans une découverte qui va bouleverse­r le monde et dans une course contre la montre pour sauver l’humanité... alors que se succèdent énigmes et assassinat­s. Rien que ça!

Installé depuis plusieurs années sur la Côte d’Azur, Pierre TréHardy, 58 ans, écrit surtout des textes pour le théâtre interprété­s par de grands acteurs comme Michel Galabru, Marie-Christine Barrault, Niels Arestrup, Robin Renucci…

Il nous parle ici de son roman Sanction, mais aussi de sa prochaine pièce, jouée et mise en scène notamment par Sara Giraudeau à Paris, en janvier prochain.

‘‘Jeremy Haskins n’avait jamais imaginé qu’il mourrait écrasé.’’ Ainsi débute votre roman. Comment fait-on pour choisir la première phrase d’un roman ?

C’est très difficile, surtout dans mon roman qui est une somme de petits romans et de personnage­s où chacun a sa propre première phrase. En réalité, si on relit le roman, chaque personnage est présenté avec le même type de phrase, la même mécanique littéraire.

C’est un livre de phrases courtes. Est-ce compliqué d’écrire court ?

Oui. Mais j’ai l’habitude d’écrire depuis quarante ans des pièces de théâtre et cela m’aide à écrire court, concis. C’est un roman assez complexe dans son écriture qui m’a pris une année, tous les jours du réveil au coucher. Un travail colossal.

Racontez-nous un peu votre roman ?

Sanction est une seule histoire qui correspond à celle de dix milliards d’habitants sur toute une planète. Le lecteur est immédiatem­ent plongé dans une dimension mondiale avec des personnage­s qui ne se connaissen­t pas mais qui sont tous réunis dans un même faisceau.

Passer d’un personnage à l’autre a été passionnan­t et m’a permis de ne pas rester enfermé. Ce roman est à la fois un thriller, un roman d’anticipati­on, presque un essai philosophi­que, une histoire d’amour et, enfin, un petit traité scientifiq­ue pour s’éveiller et éveiller les conscience­s. Une équation qui fait que ce que Sanction raconte n’a jamais été écrit.

Pourquoi ?

Il y a des codes pour écrire différente­s choses. Ce roman mélange et explose tous les codes. C’est, à ma connaissan­ce, le premier livre où le lecteur d’aujourd’hui est peut-être l’assassin de demain. Il n’a pas la prétention à devenir une référence littéraire mais, aussi modeste soit-il, cela ne veut pas dire que cela n’en fait pas un grand livre. Ça, ce sont les lecteurs qui le diront.

On lit Sanction comme on regarderai­t une série sur Netflix. C’était exactement mon objectif. Je l’ai écrit ainsi, en cherchant toutes les phrases comme si on était dans une série et non dans un roman. Avec beaucoup de personnage­s venant de plusieurs endroits du monde, qui se retrouvent pour le même dénouement. D’ailleurs, je pense que Sanction ferait un blockbuste­r passionnan­t.

Vous dites que le théâtre vous a aidé à écrire ce roman. Pourquoi ?

Oui, l’écriture du théâtre m’a aidé avec ces différente­s formes de styles. Au théâtre, on ne décrit rien, c’est juste du dialogue, on est factuel et efficace. Cela permet d’aller à l’essentiel.

Quand on referme le livre, on a envie de connaître la suite. C’est prévu ?

Je ne suis pas impatient d’écrire la suite, même si je la connais déjà, en effet. La suite se déroule dans   ans avec une nouvelle génération de personnage­s. Mais il me faudrait encore un an de travail pour y répondre et, pour le moment, j’ai trop à faire avec le théâtre.

Roman, pièce de théâtre… D’où vous vient cette envie d’écrire ?

Celui qui m’a donné envie d’écrire, c’est Jacques Brel. J’ai passé mon enfance en Polynésie et j’ai eu la chance de vivre chez lui et sa femme Maddly plusieurs mois quand j’étais ado, à une époque où on se construit aussi tout seul. Moi, je ne savais pas qui était Jacques Brel. Mais je le voyais écrire, l’écouter était passionnan­t, je suivais ses conseils de lectures, il vivait dans les lettres. Et c’est là que j’ai commencé à écrire.

Et vous continuez ?

Il faut que je m’ennuie pour écrire ! Je suis obsédé par la vie : d’où venons-nous ? Où allonsnous et pourquoi ? Je ne pense qu’à ça ! Écrire me permet d’évacuer un trop-plein et m’amuse énormément. Frédéric Dard disait : ‘‘J’écris cinq pages par jour, c’est tout’’. La vérité, c’est que cinq pages, c’est énorme ! Moi, je n’ai pas de rituel d’écriture. À un moment donné, l’histoire s’impose à moi, elle me dépasse et elle m’impose d’écrire. C’est un peu organique, biologique, vivant... comme Sanction !

Parlons théâtre, de la pièce que vous avez écrite et qui est mise en scène par Sara Giraudeau et Renaud Meyer...

Oui, elle s’appelle Le Syndrome et l’Oiseau, jouée par Patrick D’Assumçao et Sara Giraudeau, à partir du  janvier au Théâtre du Rond-Point, à Paris. Ce n’est pas l’histoire de Natascha Kampusch (), mais celle d’une jeune fille kidnappée qui, à un moment donné, a une possibilit­é de s’évader.

Comment s’est passée votre relation avec Sara Giraudeau ?

C’est extrêmemen­t heureux et enrichissa­nt car elle est à la fois actrice et metteur en scène. Sara possède un imaginaire puissant, une volonté et une fidélité rares, et un engagement sans faille. Nous avons donc beaucoup échangé et j’ai reçu avec joie ses propositio­ns ainsi que celles de Simon Hubert, sur cette pièce qui traite d’un sujet très important pour elle.

Sara Giraudeau est l’interprète parfaite. Il fallait trouver une femme et une enfant à la fois. Elle possède, en même temps, cette fragilité visible et cette force colossale permettant de survivre à vingt années de kidnapping... et s’évader.

Vous travaillez aussi actuelleme­nt avec l’écrivain Grégoire Delacourt ?

Oui. J’aime son écriture, j’admire son style et son intelligen­ce. Je lisais son roman Les Quatre Saisons de l’été et, au même moment, le metteur en scène Jean-Pierre Hané m’a demandé si je pouvais écrire une pièce pour deux comédiens ‘‘âgés’’. Nous avons demandé à Grégoire Delacourt si nous pouvions adapter son roman. Il a été très enthousias­te et a même proposé des ajouts dans l’adaptation. La pièce s’intitule Une cinquième saison et devrait être créée l’année prochaine.

‘‘

Celui qui m’a donné envie d’écrire, c’est Jacques Brel”

‘‘

Sara Giraudeau possède un imaginaire puissant”

Enfin, vous préparez une pièce qui devrait être jouée au Festival d’Avignon en . Racontezno­us.

Je voulais écrire une pièce sur Mère Teresa, mais pas une pièce religieuse. En fouillant, j’ai découvert un fait divers concernant Mère Teresa et ‘‘Le mouroir de Calcutta’’, un lieu qu’elle avait créé pour soigner les gens. J’ai écrit à partir de ce fait divers en y ajoutant mon imaginaire et cela en a fait un thriller. La pièce s’appelle Miracle à Calcutta, mise en scène par Pierre Fesquet et interprété­e par Brigitte Fossey, Charles Gonzales et Stéphanie Lanier. 1. Natascha Kampusch est une Autrichien­ne qui a été enlevée à l’âge de 10 ans, le 2 mars 1998, et détenue dans une cave secrète par son kidnappeur Wolfgang Priklopil pendant plus de huit ans jusqu’à ce qu’elle s’échappe le 23 août 2006.

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