Monaco-Matin

Quinze jours ferme pour un toxicomane

- « Que va-t-on faire de vous ? » JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Françoise Dornier et Adrien Candau.

C’est un Monégasque de  ans complèteme­nt dépendant à la fumette et au sniff. Sans emploi, en quête d’un autre monde, il recherche euphorie, fascinatio­n, délire et toute-puissance en alternant la consommati­on de shit et de cocaïne depuis plusieurs années. Mais il en récolte uniquement dévastatio­n, désolation et condamnati­ons à répétition.

Père d’un bébé de onze mois, il a même incité sa compagne aux fumeries, comme en témoigne le récent rappel à la loi de la jeune femme. Plus pénible encore, dans son quartier, on commence à saturer à force de humer ces essences toxiques. Courant mai dernier, dans la soirée, les résidents de l’immeuble « L’Eucalyptus » se sont d’ailleurs plaints d’une forte odeur de « fines herbes » parvenue jusqu’à leurs parois nasales. Le toxicomane fumait un joint sur son balcon. À l’audience, interrogé sur son véhicule repéré dans un lieu culte du deal, le  mai, le prévenu a reconnu un achat de shit à Nice et en avoir aspiré dans la foulée à Cap-d’Ail. « Nous fumons occasionne­llement », précise-t-il. « Un pétard tous les deux jours c’est occasionne­l ?, s’indigne président Florestan Bellinzona (*). Et si c’était la première fois… Vous avez quatre condamnati­ons sur votre casier pour conduite en état d’ivresse, détention de stupéfiant­s. Le  janvier , vous avez écopé d’une peine adaptée : six mois d’emprisonne­ment au-dessus de votre tête et liberté d’épreuve pendant trois ans ! »

Silence… Le magistrat fixe un instant le prévenu et reprend : « Tout récemment, les policiers sont venus chez vous parce que vous fumiez. Quinze jours plus tard vous recommence­z. Ce sera la cinquième fois à Monaco et une supplément­aire à Nice, en , pour ivresse au volant. Au lieu de diminuer tout doucement votre addiction, vous commettez encore un délit. Que va-ton faire de vous ? Vous ne comprenez pas l’amende, la liberté d’épreuve ni le sursis à  ans. Vous êtes un père de famille qui passe ses soirées à absorber du shit sur son balcon… Sans salaire, comment financezvo­us votre addiction ? » L’intéressé annonce qu’il a entrepris un stage et qu’il perçoit « quelque   € d’aides sociales ».

Personnage à l’apparence amorphe, il est également la cible de la procureure Alexia Brianti. Contrôlé au THT (tétrahydro­cannabinol, cannabinoï­de aux propriétés psychoacti­ves), il est dans les radars de la justice française qui l’a condamné depuis peu à huit mois avec sursis. « C’est donc un malade avec une obligation de soins. Mais il consomme toujours et demeure incapable de rester plus de dix jours sans fumer. Un mois de prison ferme pourrait le sevrer d’une manière peut-être définitive. »

Sans avocat pour le défendre, le toxicomane demande une peine réduite afin de s’occuper de son enfant de onze mois. Le tribunal tranchera avec quinze jours ferme.

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