Monaco-Matin

Ces retards qui font des étudiants étrangers des sans-papiers

- ÉLISE MARTIN emartin@nicematin.fr

Mohamed est étudiant à l’Institut supérieur d’économie et de management de Nice. Il travaille en tant que vigile à côté, pour payer ses études et vivre sur la Côte d’Azur. Mais Mohamed, comme Sekou, qui vient de perdre son emploi, ou Diminga, qui n’a plus de contrat d’alternance, est un étudiant étranger. Et depuis deux mois, il est en situation de précarité et, surtout, d’irrégulari­té.

Il développe : « Avant l’expiration de ma carte de séjour, j’ai fait une demande de renouvelle­ment en ligne [la plateforme Anef – administra­tion numérique pour les étrangers en France – a été mise en place en septembre pour simplifier la procédure administra­tive]. C’était miseptembr­e. Chaque mois, je renvoie un message mais je ne reçois aucune réponse, je ne sais pas où en est mon dossier. Le problème avec la dématérial­isation, c’est qu’il n’y a pas de récépissé qui permet de prolonger mes droits en attendant la validation d’un nouveau titre de séjour. Je risque de perdre mon travail si l’entreprise s’en rend compte. En plus, je ne peux pas bénéficier de droits sociaux. Je suis devenu un sans-papiers sans raison », déplore le jeune homme, originaire de Guinée.

10 000 partages en 24 heures

Sa situation n’est pas un cas à part. Le 12 novembre, Diminga, étudiante en finances à Nanterre, lançait un hashtag sur Twitter « #etrangerse­jour ». En 24 heures, elle a reçu plus de 10 000 partages. « Tous les jours, j’ai des centaines de messages, indique Diminga. Aujourd’hui, je parle au nom de tout le monde. De mon amie qui a reçu une obligation de quitter le territoire après un contrôle alors qu’elle doit réviser pour ses examens et qu’elle n’est pas une criminelle. »

« On évolue de manière la plus légale possible »

La jeune femme qui vient du Sénégal souligne que les étudiants étrangers présents en France ont déjà effectué énormément de démarches pour obtenir un visa et qu’ils « évoluent dans ce pays de la manière la plus légale possible » .Ellerajout­e : « Quand le pays nous accueille en disant qu’on nous facilite le côté administra­tif [avec la plateforme Anef] , on ne se rend pas compte de tout ce que ça représente de se retrouver sans identité et sans rien pouvoir faire. »

En attendant que la situation se débloque, la solution serait de remplir un formulaire de réclamatio­n qui donne une attestatio­n de prolongati­on d’instructio­n, « mais ça ne permet pas de voyager », précise Diminga. De son côté, elle a perdu son alternance faute de carte de séjour et, sans cette alternance, elle ne pourra pas valider son année.

Le ministère de l’Intérieur avait promis de « sécuriser tous les étudiants dans ce cas avant le 20 novembre ». Ce n’est visiblemen­t pas le cas. La préfecture des Alpes-Maritimes assure que « toutes les demandes déposées sur la plate-forme Anef sont bien en cours de traitement » et que « le récépissé délivré à l’issue de la procédure de dépôt vaut titre de séjour provisoire ». Pourtant, Mohamed et une dizaine d’autres étudiants niçois restent toujours sans réponse et sans attestatio­n.

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